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ABENDLAND

Un film de Omer Fast

Un OVNI allemand des plus troublants

Dans les bois, une femme portant un masque de Angela Merkel fait face des machines à élaguer, venues pour couper les arbres. Surgissent alors deux autres activistes, déguisés en lapin et en fleur, puis toute une foule. Après une fête nocturne autour des engins désertés, une charge de la police vient réveiller tout ce petit monde, et la femme déguisée en Angela, dans sa fuite, tombe d’un rocher, et se retrouver au bord d’une rivière…

Difficile de classer "Abendland", film allemand découvert à la Semaine de la critique du Festival de Berlin, dans un genre connu. Le film démarre comme une sorte de thriller politique, suivant une militante écologiste masquée dans une manifestation visant à arrêter des engins en pleine forêt, et empêcher l’abattage d’arbres. On n’en saura cependant pas plus des enjeux derrière cette action d’éclat. Quel est le projet qui demandait qu’on rase une partie de la forêt ? Un projet d’expansion d’une carrière immense comme en Allemagne, un projet d’aéroport comme à Notre Dame des Landes en France ? Peu importe.

Ce n’est pas ce côté là qui intéresse Omer Fast ("Remainder"), c’est avant tout ce qui, derrière son masque de contestation politique, reste tout de même un individu. Car en perdant son personnage dans un ravin, au bord d’une rivière, il va mener celle-ci vers un autre groupe, vivant en forêt dans les arbres dans une supposée indépendance et une sorte d'autonomie. Nous faisant découvrir leur règles et leurs rituels en même temps que son personnage, qui trouve aussi là une étrange leadeuse au même masque qu’elle, il questionne le fonctionnement de cette micro-société contestataire. L’autogestion est-elle vraiment envisageable ? Peut-on réellement se mettre à la place de ce que ressent ou pense l’autre ? N’est on pas hypocrite et finalement que des animaux artificiels en retournant vivre dans les bois ?

Le film n’évite cependant pas quelques lourdeurs dans la symbolique, superposant quelques extraits de discours politiques sur certaines scènes (« les frontières doivent être protégées » alors que l’héroïne traverse d’épaisses ronces...). Même s’il est finalement difficile, au fond, de voir dans "Abendland" un message ou un point de vue clair concernant soit la société de consommation, soit sur les groupuscules écolos ou altermondialistes, tant la paranoïa (vaccin, maladie...) et la tentation du retour à la civilisation sont présents, le film dispose tout de même d’un ton particulier, qui garde le spectateur dans un état d’expectative constant.

Olivier Bachelard

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