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A SERIOUS MAN

Un film de Ethan Coen, Joel Coen

Solitude

Un quarantenaire juif se retrouve complètement dépassé, lorsqu'il doit faire face à un élève coréen qui tente de le soudoyer pour obtenir la validation de son trimestre, sa femme qui demande le divorce, sa fille qui ne pense qu'à sortir, et son fils qui ne veut qu'une chose : qu'on règle les chaînes de la télé. Fatigué, il décide de prendre conseil auprès d'un rabbin...

Les frères Coen ne tarissent toujours pas d'inspiration, malgré un rythme légèrement supérieur à un film par an. Alternant les productions délirantes (dernière en date "Burn after reading", de la veine de "The big Lebovsky"), les films policiers décalés ("Fargo", ou récemment "No country for old men"), les voici de retour à un film plus intimiste, aussi précis que délicatement cinglant. "A serious man" nous conte une inexorable descente aux enfers, confrontant son anti-héros, un professeur de mathématiques au physique passe-partout, à un flot de comportements égoïstes et ingrats. Incapable de la moindre réaction malgré les briques de sa vie bien huilée qui s'effondrent une à une, il cristallise l'attention de nos deux scénaristes de génie, tentant désespérément de mêler croyances communautaires et évènements malheureux de son quotidien.

En mettant leur personnage sous pression (Michael Stuhlbarg, épatant de contrition), les Coen provoquent autant de pitié, de compassion et d'agacement, face à cet homme apathique, dont la nervosité intérieure n'a d'égale que sa gamine incapacité à remettre les autres à leur place. Soumis, il ne réagit nullement aux provocations condescendantes de l'amant de sa femme, sorte de psy en chemise hawaïenne, qui sait mieux que lui ce qui lui est bénéfique, et qui, comble du cynisme, en appelle à son sens de l'honneur. C'est ainsi à un véritable tourbillon d'humiliations que le spectateur assiste, vibrant de révolte pour ce personnage qui jamais ne bronche, cherchant une explication qui ne vient pas, un réconfort qu'il ne trouve que dans ses fantasmes de rébellion ou d'adultère, et attendant de revenir sur un chemin plus serein.

Comme toujours chez les Coen, le hasard prend une importante part dans l'évolution de l'histoire, nous emmenant dans des recoins d'inhumanité insoupçonnés (le coup des funérailles ou des lettres de délation...). La solution ne serait donc pas dans la droiture, car au fond chez les Coen, il n'y a de chance que pour la canaille. Elle ne serait donc pas non plus dans la sagesse d'une religion souvent assimilable à une douce et paisible charlatanerie... Faire confiance à son destin, serait donc l'unique chemin. Leur dernier film fait preuve d'une maîtrise dans l'épure, chaque plan ou scène se combinant en un puzzle de vie, aussi lisse que peu passionnante. Car ce sont les personnages secondaires qui l'animent et qui en font finalement le sel. Un sel bien amer, mais souvent drôle.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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Bande annonce par Filmtrailer.com

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