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108 ROIS-DEMONS

Un film de Pascal Morelli

108 minutes bien décevantes

Empire de Chine. XIIème siècle. Les Rois-Démons terrorisent tout le pays. Pour vaincre ces monstres, il faudrait avoir le courage de cent tigres, la force de mille buffles, la ruse d’autant de serpents... et une chance de pendu. Le jeune prince Duan n’a que ses illusions romanesques et de l’embonpoint. Zhang-le-Parfait n’a que son bâton de moine et tout un tas de proverbes incompréhensibles. La petite mendiante Pei Pei n’a que son bagout et son grand appétit. Mais surtout, le prince Duan, le vieux moine et la petite mendiante ne savent pas qu’il était impossible de vaincre les Rois-Démons. C’est le début d’une sacrée aventure...

La bande-annonce avait tout pour ravir les yeux et les oreilles : de beaux paysages de Chine, des personnages croqués avec soin, une intrigue centrée sur la vengeance d’un jeune prince envers l’homme qui lui a ravi le trône de l’Empire, le tout au travers d’une animation audacieuse mêlant 2D, 3D et acteurs réels (la technique est ici assez sophistiquée). On voulait aimer ce film. On ne peut hélas qu’en constater l’échec. D’abord sur le terrain de l’animation : ce mélange de techniques d’animation a beau donner naissance à de superbes graphismes, surtout en ce qui concerne les somptueux paysages mettant en valeur le patrimoine chinois, il n’en reste pas moins très faible dès qu’il s’agit pour le réalisateur Pascal Morelli d’élever la dynamique du récit. Les scènes d’action sont globalement illisibles en plus d’être massacrées par un montage pour le coup très mal pensé (bon courage pour suivre l’action durant la bataille finale, découpée n’importe comment et se déroulant à 80% dans le noir), tandis que la combinaison de textures différentes gâche une large partie de l’immersion à force de se révéler aussi instable. Ce qui était beau à première vue devient vite assez hideux.

Sur le scénario, ce n’est pas mieux : adapté d’un célèbre roman chinois intitulé Au bord de l’eau, celui-ci présente un canevas classique de fiction mettant en valeur les archétypes les plus connus du cinéma d’aventure chinois, du groupe de mercenaires au jeune prince désireux de reprendre son trône en passant par une série de trahisons en milieu impérial (dont un empoisonnement façon "La cité interdite" de Zhang Yimou). Mais là encore, toujours pour des questions de montage, on ne parvient pas à se sentir absorbé par les enjeux. La narration se résume très vite à une suite de passages obligés, compilés à la queue leu leu quand ce n’est pas le scénariste lui-même qui se plaît à en saborder les étapes sans aucune raison. Par exemple, certaines coupures narratives interviennent à certains moments dans l’intrigue pour qu’un personnage puisse alors révéler ce qui s’est passé dans la scène manquante – quel est alors l’intérêt d’un tel choix narratif ? Si l’on ajoute à cela le fait que le film ne sait jamais choisir un ton particulier, hésitant entre un sérieux parfois pompeux et une sensibilité parodique qui tombe comme un cheveu sur la soupe, le résultat ne suscite au final qu’une vraie frustration.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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