LE BGG - LE BON GROS GÉANT

Un film de Steven Spielberg

La bonne grosse déception

La jeune Sophie vit dans un orphelinat de Londres. Une nuit, elle est capturée par un homme colossal qui l’emmène au royaume des Géants. Elle mettra alors tout en uvre pour s’échapper de la tanière de ce bon gros géant qui pourrait bien avoir envie de la dévorer, à moins que ses intentions soient moins funestes…

Roal Dahl, auteur anglais mort en 1990, fait encore les beaux jours du cinéma. Tim Burton, Wes Anderson, Danny DeVito ou encore Henry Selick se sont intéressés à son univers avec respectivement "Charlie et la chocolaterie", "Fantastic Mr. Fox", "Matilda" ou "James et la pêche géante". C’est le grand Steven Spielberg qui s’y colle, à présent, en reprenant la nouvelle du "BFG", le "Big Friendly Giant", traduit chez nous par le "BGG", soit "Le Bon Gros Géant". Le réalisateur du récent et brillant "Pont des espions" revient donc aux films pour enfants après la réussite totale des premières aventures de Tintin dans "Le Secret de la Licorne", sorti chez nous en 2011. Cinq ans plus tard, tonton Spileberg renoue avec un univers enfantin qu’il affectionne tant. Pourtant, ce n’est pas le registre qui lui réussi le mieux, car si l’on écarte "Les Aventures de Tintin" et le cultissime "E.T. l’extraterrestre", il faut bien avouer qu’il n’a pas laissé de très bons souvenirs avec les décevants "Hook" et "A.I. Intelligence artificielle".

Que pouvait-on donc attendre de ce nouveau voyage spielbergien ? Un chef-d’œuvre pardi ! Tout était réuni pour obtenir le meilleur : de l’aventure dans un monde fait de géants où une petite fillette courageuse résiste à des ogres dévoreurs d’enfants, et la vision surréaliste et enchanteresse d’une gamine découvrant, telle une lilliputienne, un monde où tout est démesuré à la manière de "Chéri, j’ai rétréci les gosses". Mais las !, le spectateur découvre surtout une pâle adaptation de l’œuvre de Roal Dahl. L’univers de Disney, à la production, a tout simplement pris le dessus avec ses bons sentiments, sa niaiserie de bas étage, sa frilosité à mettre en danger le personnage principal. Le rendu est donc extrêmement plat et au ras des pâquerettes. Aucune tension, aucune magie, très peu d’émotion.

Pire, Spielberg semble s’être reposé sur ses lauriers, ne poussant le curseur de l’aventure qu’au minimum, alors que dans "Tintin", il ne laissait que peu de place aux temps morts. Son manque de vision et d’inspiration est flagrant, alors même que les effets spéciaux n’aident en rien le réalisateur, le film étant souvent laid et nous baladant parfois comme dans un pauvre jeu vidéo. Heureusement, le passage chez la Reine d’Angleterre vaudrait presque à lui seul le déplacement. Bien qu’un peu longue, cette partie – qui précède un final bâclé – est brillante de drôlerie. Les enfants, tout comme les adultes, glousseront des effets de la potion des géants sur l’organisme humain (et canin !). Un petit bijou dans un écrin tristement bien fade, soit au final, une bonne grosse déception.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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