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UN VRAI FAUSSAIRE

Un film de Jean-Luc Léon

La part du vrai ?

En 2010, Guy Ribes, auteur officiel de 200 à 300 pastiches a été condamné pour faux. Au travers d'une série d'entretiens du faussaire et d'interviews d'enquêteurs, d'experts, de conservateurs de musées, le réalisateur tente de dresser un portrait de cet homme mystérieux...

Avec son documentaire « Un vrai faussaire », Jean-Luc Léon nous livre un bien troublant portrait. Car, au fil de ce récit incroyable, partiellement mené par le faussaire lui-même, il s'agit à la fois de celui d'un artiste doué, celui d'un escroc bien malin, celui d'un jouisseur de l'existence (jeu, alcool, plaisirs...), mais aussi celui d'un homme intelligent s'adaptant à tout système (la découverte du système « judiciaire » lui aura donné bien des idées...) voire d'un potentiel mythomane. Car ce qui frappe au fil des interviews de Guy Ribes, c'est bien entendu l'impressionnante maîtrise technique, mais aussi sa capacité (et son désir) d'entretenir sa propre légende.

Pointant les enjeux financiers colossaux qui résident derrière cette affaire, pouvant jeter le discrédit sur nombre d'acteurs des milieux artistiques, l'auteur a pris soin de masquer (par pixelisation) certaines œuvres officiellement reconnues, dont le faussaire revendique la paternité, et de taire les noms des maisons d'expertises ayant été dupées, en les remplaçant par... des bruits de coq ou de poules. Assez passionnant, ce documentaire montre à la fois comment un escroc lui-même escroqué apprend à ne pas se faire à nouveau pincer, comment un marché de détail devient un business à grande échelle, et comment tout un marché de l'art pourrait s'effondrer sur la base de bien peu de choses. Les puristes passionnés de peinture y trouveront également, en accompagnement de séquences récurrentes de peinture « à la manière de », l'explication de techniques pour duper les experts sur l'âge des tableaux. Un docu aussi pédagogique qu'humainement effrayant, qui rappelle que tout marché aura toujours, de tout temps, ses escrocs.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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