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IN MY ROOM

Un film de Ulrich Köhler

Une originalité narrative en trompe-l’œil d’une œuvre trop démonstrative

Armin n’est satisfait ni sur le plan personnel ni sur le plan professionnel. Si rien ne laissait présager un changement dans sa vie, la nature va en décider autrement. Un matin, en se réveillant, il semble être le dernier humain sur Terre. Mais sa survie ne va pas se dérouler comme prévu…

Armin est ce qu’on peut appeler un looser, le genre de mec à oublier d’allumer la caméra lorsqu’il est censé réaliser un reportage, à ramener une fille chez lui pour se faire planter au moment crucial. Les premières minutes d’"In my Room" nous plonge dans la chambre de cet adulte au teint grisâtre, dans la saleté de son logis, l’ennui de son ordinaire et la fadeur de son existence. Le réalisateur, lui, aime également insister sur les détails peu reluisants du quotidien d’une personne âgée malade, renforçant l’atmosphère sordide de cette introduction. Si le film semblait se diriger vers un réalisme accru, un événement va tout bousculer. Un matin, Armin se réveille et semble être le seul survivant à un mystérieux phénomène. Et le métrage de verser dans un onirisme prégnant et un symbolisme assumé.

Si dans le monde d’avant, le protagoniste se complaisait dans une certaine médiocrité, il va s’émanciper au contact de la nature. Pas de lamentation ici, ce dernier humain va rapidement se retrouver à son aise, devenant le premier homme d’une nouvelle ère. Établissant demeure dans une ferme faisant office d’Eden, il va découvrir les joies du bricolage, du travail de la terre, de la chasse ; autant de tâches lui permettant de rentrer en communion avec son environnement. Célébrant la marginalité, ce trip sensoriel a le mérite de détonner. Malheureusement, au-delà de l’expérimentation et de l’observation sans artifice d’un mode de vie en autarcie, l’essai poétique s’avère être particulièrement terne et insipide, la faute à une absence totale de rythme et de romanesque. Délaissant toute ambition narrative en dehors de sa surprenante rupture, le récit se satisfait trop de ses allégories, transformant l’expérience cinématographique en une leçon sociologique peu subtile.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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