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FAHRENHEIT 451

Un film de Ramin Bahrani

Petit feu

Dans un futur dystopique, les livres papiers et leur lecture sont interdits. Les pompiers sont chargés de les détruire et traquent ceux qui désobéissent. Guy Montag est l’un de ces hommes du feu et possède une véritable notoriété. Une nuit, lors d’une intervention, il récupère un livre en cachette…

Diffusion directe sur HBO et OCS le 03 juin 2018

Classique de la littérature, « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury connait ici une nouvelle adaptation, après celle faite par François Truffaut en 1966. Que vaut cette version 2.0 ?

Grosse production HBO présentée cette année au Festival de Cannes dans le cadre de la séance de minuit, "Fahrenheit 451" s’avère une dystopie intéressante mais qui perd de sa puissance sur grand écran à cause de son aspect flagrant très « télé » qui se voit notamment dans les effets spéciaux et la manière de filmer (cette production a d’abord été conçue pour le petit écran).

Cette version de « Fahrenheit 451 » (qui prend des libertés par rapport au roman) offre une critique des réseaux sociaux et du monde connecté dans lequel nous vivons et de la censure qui peut y être instaurée par ceux qui le contrôlent. Ainsi l’Histoire peut s’en retrouver totalement réécrite car la seule source d’information devient un Internet unique avec la destruction de l’ensemble des documents papiers. Le contrôle sur la population se fait total et se trouve simplifié. Le long-métrage tend à montrer l’importance qu’ont les mots et les livres pour la réflexion et se construire un savoir et ainsi un sens critique.

Dans ce futur proposé, tout est froid, à commencer par la ville mais également la maison de Guy Montag. Les personnages évoluent dans une société ultra connectée où une intelligence artificielle gère leur maison et où ils sont surveillés sans cesse. C’est une dictature du numérique qui prend forme. Les façades des buildings sont de véritables écrans géants diffusant en direct les images des exploits des brigades de pompiers.

Cependant, ce monde dystopique reste trop peu parcouru et développé. De plus, l’Omnis (création de la résistance) qui devient la possibilité de pouvoir insérer des connaissances littéraires (des livres entiers mêmes !) au sein de l’ADN est trop peu expliquée. Dans le déroulement de son intrigue, c’est uniquement dans son acte final que le ressort dramatique fonctionne et dans une scène d’auto-immolation. Le suspens est trop mal construit pour que l’on puisse s’y prendre.

Côté casting, Michael Shannon a tendance à trop cabotiner dans le rôle du Capitaine Bealty. A l’inverse, Michael B. Jordan s’avère plus juste dans le rôle de Guy Montag. Quant à Sofia Boutella, son personnage est trop peu approfondi, à l’image de son idylle avec le personnage de Guy Montag. D’ailleurs, les personnages sont globalement trop peu développés, que ce soit du côté de la résistance ou des pompiers.

Avec cette version de « Fahrenheit 451 », c’est une dystopie en mode mineur qui nous est proposée. La vision futuriste dépeinte est trop effleurée et le scénario ne parvient pas à aller au bout de sa réflexion. En somme, une relecture qui déçoit mais qui reste un produit télévisuel d’assez bonne facture.

Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur

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