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BATTLE OF THE SEXES

Un match pour l’égalité des sexes sans envergure

Billie Jean King a beau enchaîner les victoires en Grand Chelem, les commentateurs sportifs continuent à mépriser le tennis féminin. Alors que l’ancien numéro un mondial masculin, Bobby Riggs, se lance dans l’idée d’affronter des femmes pour prouver la supériorité masculine, la championne y voit l’occasion de combattre la misogynie ambiante des années 70…

Le mois de novembre était définitivement une période riche pour les amoureux du tennis. Alors que le Masters de Londres voit le gratin mondial s’affronter, les amoureux de la balle jaune et cinéphiles ont pu revivre l’affrontement historique entre Björn Borg et John McEnroe dans le bien nommé "Borg McEnroe", avant donc de pouvoir se délecter devant un autre match historique, celui entre Billie Jean King et Bobby Riggs. Elle, est numéro une mondiale, enchaîne les victoires et n’arrive plus à supporter les remarques d’un milieu misogyne. Lui, est une ancienne gloire du tennis, dont le mariage s’effrite et dont l’amour du pari et l’appât du gain lui inspirent l’idée d’affronter des adversaires du sexe opposé durant des matchs d’exhibition. Si un cinquantenaire à la retraite arrive à battre les meilleures joueuses, la preuve de la supériorité masculine deviendrait indiscutable.

Le duo Dayton et Faris, à qui l’on doit notamment le culte "Little Miss Sunshine" et l’onirique "Elle s’appelle Ruby", disposait ici d’un matériau en or, le postulat d’une grande comédie de mœurs tout y injectant leur touche mélancolique. Malheureusement, cette bataille des sexes manque terriblement de rythme et de mordant. La faute à un scénario (pourtant signé par Simon Beaufoy, papa de "Slumdog Millionaire") qui n’arrive jamais à transcender son propos, se limitant à une lecture artificielle des évènements. Dans cette reconstitution factuelle et sans saveur, le film titube entre un registre comique peu inspiré et un message plus contestataire, de libération sexuelle et d’affirmation féministe, qui peine à trouver un quelconque écho.

Redondant et bavard, le métrage souffre d’une construction académique où les différents actes condamnent ce biopic prétendument excentrique à n’être qu’un mélodrame mielleux, à la musique emphatique et aux ficelles bien trop visibles. Si quelques singeries de Steve Carell prêtent à sourire et si le charme désuet des années 70 enrobe joliment cette nouvelle réalisation du tandem Dayton / Faris, "Battle of the Sexes" se perd totalement dans ses revendications, accouchant d’un discours maladroit voire contre-productif (particulièrement dans ces scènes où les joueuses apparaissent comme obsédées par leurs tenues, ou celles tendant à associer féminisme et lesbianisme). En voulant favoriser les cordes dramatiques par rapport au pétillant habituel de leurs comédies, les cinéastes signent une œuvre cacophonique où même le kitsch assumé ne parvient pas à donner un peu de chaleur à l’ensemble. Ni jeu, ni set, ni match.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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