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Festival
Festival de Venise 2023 : Roman Polanski épingle la haute société dans la comédie "The Palace"
Hors Compétition
THE PALACE
de Roman Polanski
avec Mickey Rourke, Oliver Masucci, Fanny Ardant, John Cleese, Irina Kastrinidis, Luca Barbareschi, Teco Celio, Fortunato Cerlino, Joaquin De Almeida...
Notre première impression sur le film :
Avec "The Palace", Roman Polanski place résolument le curseur du côté de la comédie grinçante, épinglant, un peu comme l’a fait Ruben Östlund il y a un peu plus d’un an avec "Sans Filtre", des bourgeois ou parvenus, aux comportements souvent indécents, l’argent étant censé tout pouvoir acheter et la célébrité tout excuser. Pour cela il place son intrigue, ci-écrite avec Jerzy Skolimowski ("11 Minutes", "EO") dans un palace de montagne, réduisant la temporalité à une demi-journée, de midi à minuit, à la veille du nouvel an de l’an 2000. Posant ainsi divers enjeux, dans une paranoïa ambiante autour d’un bug potentiel, autour de l’obtention d’une chambre dans une période bondée, jusqu’à la participation à la grande soirée organisée par l’hôtel, l’auteur profite de la richesse des lieux en limitant les interactions des résidents à leurs contacts avec le personnel, laissant un peu de côté celles entre eux. Une manière sans doute de renforcer l’individualité de chacun d'eux, qui ne se soucie guère de ses congénères, mais uniquement de ceux qui peuvent satisfaire leurs besoins immédiats, parfois demesurés, même les plus délirants, ou résoudre leurs problèmes les plus gênants.
Chacun des convives se comporte ainsi en terre conquise, donnant des ordres, exagérant ses contrariétés, affichant son mépris. Et la variété est au rendez-vous, puisque l’on trouve ici une marquise au chien capricieuse (Fanny Ardant), un homme de 98 ans (John Cleese, à qui l’on doit le grand fou rire du film) marié à une jeune femme de 22 ans, un ancien acteur porno, un homme dont le fils illégitime a décidé de débarquer à l’improviste avec toute sa famille, des mondaines ultra liftées, un chirurgien esthétique de renom qui servira d’homme à tout faire, un groupe de Russes blindés... Bien sûr chacune de leurs histoires n’a pas la même saveur, mais globalement la comédie est rythmée et efficace, épinglant l’éternel appât du gain et la peur intime de la moindre régression sociale, que symbolise finalement la hiérarchie des chambres elles-mêmes.