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Festival de Venise 2023 : "Lubo", destin maudit d’un gitan durant la seconde guerre mondiale

9 septembre 2023
Festival de Venise 2023 impression 17
© Francesca Scorzoni, Fourni par la Biennale de Venise

Compétition
LUBO
de Giorgio Diritti
avec Franz Rogowsky, Christophe Sermet, Valentina Bellè, Noemi Besedes, Cecilia Steiner, Joel Basman, Filippo Giulini, Alessandro Zappella...

Notre première impression sur le film :

1939, en Suisse allemande, dans le canton des Grisons, gitan allant avec sa roulette de village en village pour donner des spectacles, Lubo Moser est enrôlé dans l’armée, la confédération craignant une invasion par l’Allemagne hitlérienne. Peu de temps après, ses trois enfants, sur la base d’une loi interdisant qu’ils vivent dans la rue, sont enlevés, et sa femme est retrouvée morte. Le film de Giorgio Diritti, adapté du roman de Mario Cavatore, va tenter de retracer, en environ trois heures, le combat de toute une vie pour retrouver ceux-ci. Porté de bout en bout par l’acteur le plus en vue en Allemagne ces dernières années, Franz Rogowsky, vu dans "Ondine", "Une Valse dans les allées" et "Disco Boy", le film dénonce tout un système de détournement d’enfants, notamment de gitans, via l’organisation Pro Juventute, sur les dérives de laquelle la Suisse n’a formulé des excuses qu’en 1987.

Intelligemment, au delà de la dénonciation d’un système et de la description des coïncidences qui font presque la malédiction du personnage (le récit est globalement divisé en deux parties, l’une pendant la guerre, l’autre après 1951 côté Suisse italienne), c’est surtout l’hypocrisie ambiante qui semble intéresser les scénaristes. D’une notable qui fustige l’obstination des nazis à vouloir éliminer les juifs et cite les gitans et d’autres « tares » comme des motifs à désigner des parents comme indignes d’avoir des enfants - parlant même de stérilisation -, jusqu’à la femme d’un banquier, elle-même enceinte du personnage principal, qui se soucie surtout de sa réputation car sa servante attend un enfant illégitime. Derrière la reconstitution et la mise en scène plutôt classique se dessine donc une époque sombre, à laquelle la fin de la guerre n’a pas pour autant mis un terme. Un avertissement sans doute pour notre époque troublée.

Voir la bande annonce du film "Lubo" :

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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