LA PASSIONE
Farce italienne
« La Passione » est une comédie italienne plutôt potache, qui se moque gentiment de l'église et des ambiances de villages. Autant hymne à la débrouille en matière de création, que raillerie des spectacles amateurs, le scénario est surtout une classique redécouverte de l'humanité, pour un homme perdu entre son monde fermé, ses prétentions artistiques et son incapacité à penser à quelqu'un d'autre qu’à lui-même. La trame est donc classique : c'est au contact avec les petites gens d'un village, entièrement voué à la réussite de la fête locale, que le réalisateur va redevenir humain.
La réussite du film, présenté en compétition au Festival de Venise 2010, est due au décalage entre son personnage principal (Silvio Orlando, primé comme meilleur interprète au festival précédent pour « Le Père de Giovanna ») et les bouseux qui l'entourent, le film qu'il cherche à faire et « la passion » qu'il prépare. D'un côté, le réalisateur accumule les pitchs saugrenus, qu'il nous commente face caméra, et qui ne sont jamais au goût de son actrice principale (une jeunette récemment parvenue). De l'autre, il doit lutter avec d'autres « artistes » impliqués dans la pièce, comme l'incroyable présentateur météo local qui fait son show à la manière d'un curé prêchant, ou se débrouiller avec les moyens du bord (en l'absence de photocopieuse, ce sont des enfants qui recopient le script à la main). Cela donne donc des scènes croustillantes, agrémentées de quelques critiques du monde du cinéma italien (« tu n'es même pas sur l'arbre du cinéma italien... alors que Ozpetek, lui, oui »). Il n'en faut pas plus pour prendre un certain plaisir.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur