DIAS DE GRACIA

Desesperado…

À Mexico, les histoires croisées d’un policier, d’un otage et de l’un de ses ravisseurs, le tout sur trois périodes différentes, celles de coupes du monde 2002, 2006 et 2010...

Le premier film d’Everardo Valerio Gout est loin d’être dénué d’intérêt et d’ambition, le réalisateur mexicain décidant de tourner une « fresque » sur le crime au Mexique, haut lieu de l’enlèvement, le tout en cinémascope. Décidant de suivre les parcours de plusieurs personnages sur huit ans, en ne choisissant de montrer que les quelques semaines de leurs vies pendant trois coupes du monde de football est une idée à la fois originale et dangereuse car le résultat peut soit se retrouver bancal si non maîtrisé, soit révéler une structure narrative intéressante si l’idée est sublimée. Malheureusement, c’est vers la première direction que « Dias De Gracia » se dirige.

Le film s’ouvre sur deux superbes scènes. La première nous montre trois hommes armés, en tournée en plein désert, durant laquelle un policier fait sévèrement la leçon à deux très jeunes trafiquants de marijuana. On pense tout de suite à des ambiances à la Alejandro Gonzalez Inarritu mélangées au « Traffic » de Steven Soderbergh, mais la ressemblance s’arrête immédiatement là. Everardo Gout manque cruellement d’identité, d’originalité et de recul sur ce qu’il est en train de filmer et de monter.

Trop d’ambition mal maîtrisée dans sa structure. Diviser son film en trois époques est certes une bonne idée, mais si le seul élément qui permet de les distinguer est le fond sonore des trois coupes du monde, il faut carrément être un expert pour s’y repérer ! Toute la narration s’effondre là. Impossible de savoir qui est qui, qui fait quoi et, par extension, pourquoi ? Et quand il s’agit de filmer l’action, le constat est le même : des angles de caméras et des points de vue très mal choisis et plein d’esbroufe, un manque d’originalité flagrante. L’un des meilleurs exemples est une scène de poursuite entre le héros et deux braqueurs qui est « à vomir ». C’est tout simplement l'une des pires utilisations de la « shaky cam » vue à ce jour (même l’oncle Roger qui oublierait de couper son caméscope au mariage de son fils et filmerait ses pieds pendant 20 minutes pourrait sans doute faire mieux). N’est pas Paul Greengrass qui veut. Heureusement que les acteurs rattrapent le coup, chacun réussissant finalement à tenir correctement son rôle, car avec le casting de petites frappes qui peuplent le film, on pourrait s’attendre à beaucoup plus de cabotinage.

Avec tout ceci, « Dias De Gracia » pourrait être un mauvais film, car il y a très peu de bonnes choses qui penchent en sa faveur. Même si l’ensemble est jonché de nombreux défauts, ces derniers sont dus à la volonté d’Everardo Gout d’en faire trop, défauts largement pardonnables pour un premier film. Pardonnables ? Ce n’est pourtant pas le cas pour tous les premiers films, car après tout, le spectateur paye sa place le même prix que ce soit pour un premier ou un dixième. Mais l’ensemble témoigne d’une telle volonté de « bien faire », ne fait preuve d'aucune prétention mal placée, chacun y mettant du sien et ce de tout son cœur, que l’on ne peut qu'encourager son réalisateur, à poursuivre dans cette voie, tout en améliorant ses choix techniques et narratifs. L’ambition innocente, même si mal maîtrisée, se doit d’être récompensée, la vanité non. Et il n’y en a aucune dans « Dias De Gracia », et on souhaite donc à Everardo Valerio Gout de corriger le tire et de nous livrer un prochain film plus personnel.

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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