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Un Poing c'est court 2024

Festival Un poing c’est court 2024 – Retour sur le Programme 4

Tour d’horizon des 6 courts métrages qui composent le Programme 4 du Festival du film court francophone de Villeurbanne 2024, avec nos impressions sur les films. Pour les notes, elles d’étalent comme pour les longs, de 0 (mauvais), 1 (décevant), 2 (intéressant), 3 (bon film), 4 (très bon film) à 5 étoiles (chef d’œuvre).

Festival Un poing c'est court 2024 programme 4
© Kacper Checinski - Films Grand Est

LA REINE DES PUNKS de Ara Balle

Une vieille punk SDF, Mado, prend sous son aile une jeune punk SDF, Lambi. Ils partageront ensemble un squat lors des derniers jours de vie de Mado.

C’est une histoire avec beaucoup de qualité : un joli noir et blanc pour représenter l’univers brut de ces vagabonds, des femmes fortes, punks, dont on partagera l’intimité, une histoire qui parle d’entraide et de transmission. Les acteurs sont parfaits, l’image aussi. On pourra seulement regretter une petite coquille dans le scénario : tout se passe trop facilement. C’est une communauté qui ressemble à celle de "Fight Club", mais en trop sage. La vieille punk endurcie accepte que plein de gens viennent squatter chez elle, et les squatteurs se plient trop facilement à l’autorité et à la discipline de la reine des punks. Il n’y a pas d’obstacle et s'il y en a, ils sont surmontés trop facilement. Dommage pour un film de punks, qu'il ne soit pas plus sinueux.

LA TRILOGIE DES TÊTARDS de Léonard Giovenazzo

C’est l’histoire des aventures familiales d’une mère qui a un amant, d’un fils à la ramasse qui se drogue et d’un père qui fait des expériences sur des têtards dans sa cave.

C’est une comédie québécoise. Et ceux qui apprécient les courts métrages auront remarqué ces temps-ci la présence constante de comédies québécoises en festival. Elles donnent à voir un univers comique incroyable. "La trilogie des têtards" en fait partie, avec ses trois personnages plus absurdes les uns que les autres, tout aussi perdus, qui symbolisent la crise existentielle. La vie est absurde comme les expériences du père sur des têtards, qui, dans la cave d’une maison, ont donné naissance à des grenouilles qui parlent.

AVEC L’HUMANITE QUI CONVIENT de Kacper Checinski

Dans une antenne Pôle emploi, une équipe débordée qui a du mal à s'entendre reçoit le mail d'une chômeuse victime d'une erreur administrative qui l'a mise à la porte de chez elle. Dans son mail, elle menace de mettre fin à ses jours dans l'agence.

C'est le grain de sable dans la machine qui fait tout dérailler, la petite erreur que personne ne remarque qui, quelques mois plus tard, poussera cette machine déshumanisante que peut être Pôle emploi (aujourd'hui France travail, c'est encore plus dystopique) à affronter le désespoir d'une femme au bord du suicide. Le pitch pourrait donner une comédie noire, mais c'est un film de tension qui nous montre comment des personnes travaillant dans cette institution peuvent y laisser une part de leur humanité. À la fin, le pire est évité et notre protagoniste a besoin de se reconnecter à ses émotions, de redonner de l'importance aux individus qui n’étaient plus que des dossiers pour elle : elle ouvre le porte-monnaie de la femme qui menaçait de se suicider et observe son contenu comme un trésor pour essayer de découvrir qui est cette personne.

MODOU PHARE de Pape Mbaye Diop

Modou, est un enfant de 10 ans qui est hanté par l'absence de son père. Ce dernier est parti en pirogue pour l'Espagne, ce que sa mère n'a pas le courage de lui dire.

C'est un film très visuel. La première moitié exprime les pensées qui tourmentent cet enfant par une narration visuelle : le motif de l'eau entoure Modou partout où il va. Dommage que cette première partie soit imperméable à qui n'a pas lu le résumé, car une information manque : à aucun moment on nous dit que le père est parti pour l'Espagne en pirogue. Sans cette information, on pourrait passer à côté de toute cette narration riche en trouvailles cinématographiques.

LE TAMBOUR DE M. BARBIN de Pierre Malpel

C’est un documentaire retraçant l’histoire culturelle d’un tambour de Guadeloupe : le Gwoka.

C’est une plongée dans l’artisanat d’un homme qui fabrique des tambours. Le travail de cet homme exprime tout ce que le Gwoka capte de l’âme de la Guadeloupe. Il est facile d’oublié au quotidien que la Guadeloupe c’est la France et finalement il n’y a rien de mieux pour découvrir une région, un pays, un autre monde que sa culture. Malgré quelques imperfections formelles il s’agit d’un documentaire plutôt réussi dont l’histoire nous emporte avec elle.

SYNDROME de Zulma Rouge

Deux inconnus, Sophie et Julien, se retrouvent dans un bar après s’être contactés sur un site de rencontre où l’on ne sait pas à quoi ressemble l’autre. Arrivé au bar, Julien réserve une surprise à Sophie…

Julien souffre du syndrome, une maladie probablement imaginaire, du moins espérons-le, qui lui fait prendre l'accent québécois, puis africain, et marseillais, et ainsi de suite. Il parle bizarrement. Sophie et Julien sont deux êtres aux histoires d'amour déçues qui réussissent à s'abandonner l'un à l'autre et lorsque cette preuve d'amour est donnée à Julien, son syndrome disparaît, ou presque. C'est un film qui parle de l'acceptation de l'autre à l'image de Sophie qu'on introduit dans une scène de cours de danse classique où elle dénote parmi des danseuses agiles, elle qui manque de grâce, pourtant elle est là, elle s'accepte et les autres aussi.

Yvan Coudron Envoyer un message au rédacteur