CAMPING DU LAC

Un petit air frais venu de Bretagne

Alors qu’elle roulait vers l’ouest, Éléonore tombe en panne au beau milieu de la Bretagne. Comme sa voiture ne sera pas repérée avant quelques jours, elle s’installe au camping du lac, dans lequel est supposé vivre une énorme bête…

Passé par le Festival de Locarno, "Camping du lac" était récemment présenté à la Semaine de la critique de Berlin, organisée en parallèle du Festival. Tout dans le film est finalement dédié à la survivance d’un monde isolé, ici ensoleillé puisque que le récit se déroule en été avec la canicule, qu’il s’agisse des humains, des traditions ou de la bête elle-même. Éléonore Saintagnan, qui s'est donné le rôle principale, nous invite, comme son personnage, à découvrir, au delà des légendes locales qu’elle évoque autant en voix-off que par flash-back imaginés sur le saint-patron local (Saint Corentin, ermite devenu évêque de Quimper, généreux avec les chasseurs, mais invitant à « se méfier des hommes »), avant tout les gens. Les réparations de sa voiture tardant, Éléonore va ainsi faire plus ou moins connaissance d’une esthéticienne devenue éleveuse de volailles, d'un vieux chanteur américain qui est là incognito, ou d'une femme nue qui aime à ce baigner avec le poisson géant, trouvant là matière érotique.

Apprenant ainsi à nouer relation avec les Hommes, le personnage observe leurs connexions, passant par des scènes collectives qui refusent d’opposer tradition et modernité. Les plus beaux moments du film naissent ainsi, d’une chanson avec différents personnages, d’un montage rythmé par une musique type retro-gaming, d’un feu d’artifice où l’on observe plutôt les visages réunis, ou d’une danse collective envahie par une musique techno. Quant à la scène finale, située en début d’automne, elle vient enfoncer le clou d’un esprit de bienveillance qui semble irriguer tranquillement le quotidien. Et "Camping du lac" rayonne ainsi comme une rencontre estivale, dotée de petites originalités de mise en scène (l’observation des bateaux façon œilleton...) et semble à l’image de son personnage principal, dont la voix-off intérieure se fait de plus en plus rare : empli de curiosité envers les autres, et porteur d’un regard poétique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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