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champs-elysees-film-festival 2015 - Bilan

Une semaine sur les Champs-Élysées

Avoir la chance de passer une semaine sur la plus belle avenue du Monde, ce n’est pas donné à tout le monde, encore moins lorsqu’on a l’opportunité de découvrir des petites pépites du cinéma indépendant américain et d’assister à différentes avant-premières. C’est pourtant, ce que propose chaque année depuis maintenant quatre ans le Champs-Élysées Film Festival sous la houlette de sa fondatrice et présidente, Sophie Dulac. Alors, que retenir de cette édition où se sont croisés sur le même red carpet Jeremy Irons et Jonathan Lambert ? D’une compétition marquée par la victoire de "The Road Within" de Gren Wells pour les longs métrages et de, coté courts, "Scheherazade" de Mehrnoush Aliaghaei pour les américains, et "J'aurais pas dû mettre mes Clarks" de Marie Caldera pour les français ?

Des documentaires impressionnants

De la compétition officielle, on retiendra clairement les deux documentaires : "Cartel Land" de Matthew Heineman, et "Welcome to Leith" de Michael Beach Nichols et Christopher K. Walker. Le premier propose une plongée sans concession au cœur des cartels mexicains, plus précisément chez les citoyens qui s’organisent pour lutter contre ces organisations criminelles. Le second nous invite dans la bourgade de Leith, 24 habitants, un seul commerce, beaucoup de terrains abandonnés, et bientôt des membres de groupuscules suprémacistes blancs espérant transformer la ville en un paradis pour leurs idées extrémistes et en un havre de paix où on pourrait célébrer l’idéologie aryenne. Les deux documentaires nous invitent au plus près de l’action, nous laissant face à des réalités abruptes et à des vérités qui font froid dans le dos. Mais ces deux métrages refusent également le jugement facile et le politiquement correct, pour inviter les spectateurs à remettre en question leurs préjugés et idées préconçues.

De grands numéros d’acteurs menés par l’éternel Richard Gere

Cette compétition a également été l’occasion de mettre sous les feux des projecteurs le talent de nombreux comédiens, de la nouvelle comme de l’ancienne génération. Et en premier lieu, on pense à Richard Gere qui nous offre une prestation comme on n’en avait pas vue depuis longtemps chez lui avec le drame "Franny". Dans ce premier film d’Andrew Renzi, il interprète un philanthrope exubérant et extravagant auquel l’argent ne fait pas oublier ses tourments et les fantômes d’une vie marquée par le décès de ses deux meilleurs amis. Originale et multipliant les registres, cette comédie dramatique impressionne par sa capacité à agripper le spectateur, à le prendre aux tripes, en positionnant celui-ci en permanence dans la crainte que la situation dégénère. Époustouflant, l’ancien sex symbol parvient avec un simple regard ou une légère expression à retranscrire toutes les failles de son personnage.

"The Road Within", le grand vainqueur de la compétition, est également une ode à ses comédiens, et doit beaucoup à leur talent dans la conquête de ce prix du jury. Car dans cette histoire de fugue de trois adolescents « différents », la prestation du trio principal est pour beaucoup dans la réussite du film. Robert Sheehan est un jeune homme atteint du syndrome de Gilles de la Tourette tandis que Dev Patel interprète un ado dont la vie est gâchée par ses troubles obsessionnels du comportement. Zoë Kravitz, quant à elle, joue une gamine en proie à l’anorexie. Riant avec le handicap au lieu de s’en moquer, cette comédie énergique et rafraîchissante a très probablement touché le public parisien par sa bonne humeur et ses vannes bien senties. Aussi cocasse qu’émouvant, le film bénéficie de cette petite magie qui rendrait le sourire même aux plus aigris.

Des comédies au top

Cette quatrième édition du festival parisien a également été l’occasion de mettre en lumière plusieurs comédies, en commençant par "Valley of Love" de Guillaume Nicloux, ayant eu les honneurs de l’Ouverture. Marqué par les retrouvailles entre Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, le métrage est un objet cinématographique étrange et mystique, nostalgique et mélancolique, fantaisiste et fantasque. C’est surtout un voyage émouvant et fascinant, alimenté de répliques aiguisées autour de sujets universels comme la perte d’un être aimé. Et si le Festival avait très bien commencé, il a tout aussi bien refermé ses portes avec une jolie surprise, "Les Bêtises" d’Alice et Rose Philippon, où un Jérémy Elkaïm en grande forme part sur les traces de sa mère biologique. Dynamique et rafraîchissante, cette fable burlesque dans la droite lignée de Jacques Tati est un pur moment de bonheur, où gags et vannes en tous genres se multiplient sans jamais lasser. Tout aussi original et tout aussi drôle, on peut citer "Asphalte" de Samuel Benchetrit dont l’univers absurde titille très largement nos zygomatiques. Avec un cosmonaute, une comédienne has-been, un ado délaissé, une spécialiste du couscous et un faux photographe, le cinéaste-écrivain nous offre un beau panorama de personnages délirants.

Mais ce festival, dont le nombre d’avant-premières avait sensiblement diminué par rapport aux éditions précédentes, a également été marqué par plusieurs déceptions. En premier lieu, Simon Curtis rate son sujet avec "La Femme au tableau", chronique judiciaire autour d’une femme souhaitant récupérer le portrait de sa tante immortalisé par Gustave Klimt et subtilisé par les Nazis durant la Seconde guerre mondiale. Plat et vieillot, le film ne prend jamais son envol, restant très superficiel et anecdotique. L’autre grand raté du festival est très certainement "La Volante" de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri, une histoire de vengeance grotesque et presque risible.

En dépit de ces légères erreurs de sélection, la programmation du cru 2015 était très intéressante, proposant une nouvelle fois de beaux moments de cinéma et des petites pépites indé comme on n'en voit nulle part ailleurs. Rendez-vous donc en 2016 !Les films critiqués

Par Christophe Brangé :
THE ROAD WITHIN
LA FEMME AU TABLEAU
LA VOLANTE
LES BÊTISES
FRANNY
WELCOME TO LEITH
CARTEL LAND
STINKING HEAVEN
APPLESAUCE

Et en plus :
VALLEY OF LOVE
ASPHALTE

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur