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cannes 2013 - Retour thématique sur la 66e édition : Évidente injustice

Face à nombre d'injustices, beaucoup invoquent le destin ou la fatalité, et chacun réagit avec plus ou moins de courage ou virulence. Mais quand la gratuité s'invite au rendez-vous, se sont soit la culpabilité soit la violence qui surgit en retour. Entre violence subie et parcours vers la violence, les personnages des films cannois de 2013 ont été bien malmenés.

Violence gratuite et empreinte de préjugés

Parfois le sentiment d'injustice est d'autant plus fort, que l'agression dont on a été victime est injustifiée et basée sur des préjugés raciaux, religieux ou liés à sa personne. Dans « La vie d'Adèle », c'est l'orientation sexuelle supposée de la jeune femme qui cristallise dans une scène terrible, les réactions de ses camarades. Engueulade verbale d'une amie avec laquelle Adèle aurait une nuit partagé un lit, à la gratuité de la colère répond une réaction pleine de colère étouffée, dans laquelle transparaît la non acceptation de soi. Une scène réellement éprouvante mettant en avant l'homophobie latente de certains adolescents.

Si pour certains l'agression est liée à l'orientation sexuelle, pour d'autre c'est la couleur de peau qui provoque la chose. Dans « Fruitvale station », récompensé à Sundance, nous assistons en négatif à la dichotomie d'un fait divers, au travers du portrait d'un jeune afro-américain tentant de retrouver le droit chemin, au niveau social comme dans sa relation personnelle avec sa femme. Un peu trop manichéen pour certains, le film, construit sous forme de flash-back menant à un drame annoncé, trouve sa conclusion sous forme de bavure policière. Difficile de ne pas être bouleversé face au contraste entre l'évolution du personnage et le destin qui frappe à sa porte.

De l'injustice à la violence

Dans le contexte d'une Chine moderne en pleines mutations, Jia Zhang Ke nous propose un triple portrait qui suit notamment un homme luttant contre l'intrusion de l'affairisme dans son village et la vente des mines à un homme d'affaire qui exploite le peuple. « A touch of sin » relève ainsi de l'engrenage mortel dans lequel des personnages se rebellent contre différents états de faits et les agissements mafieux et individualistes de leurs congénères. Violent, mais nécessaire.

À une époque médiévale, dans le sud de la France, Mads Mikkelsen interprète un seigneur qui voit se voit imposer un droit de passage indu, et retrouve ses chevaux donnés en gage, maltraités. Entraînant un engrenage de représailles et vengeances, « Michael Koolhaas » nous plonge dans un film âpre, qui dissèque la relation de l'individu à un système où la question de justice se mêle à une diplomatie royale peu intéressée par le fond des affaires.

Incompréhensible, le sentiment d'injustice fait souvent son apparition avec le deuil d'un être cher. La réaction des protagonistes peut ainsi prendre diverses formes, tels le flirt avec la folie exposé dans « For those in peril », drame écossais qui nous plonge dans les tourments psychologiques d'un frère ayant survécu à la noyade et faisant face à une communauté rigide. Un troublant et expérimental récit d'auto-destruction, visant à déséquilibrer le spectateur. Autre drame personnel autre traitement, le personnage de « Blue ruin », découvert à la Quinzaine des réalisateurs, se lance lui dans une vengeance aveugle, qui à force d'amateurisme et de détresse, fait flirter le film avec la comédie. Rébellion d'un homme devenu SDF, qui s'attaque aux caïds du coin, ce récit doux-amer, carrément violent, met la chance du côté de celui qui devrait avoir gain de cause, lui évitant une mort pourtant à portée de main... et presque souhaitée.

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur