INTERVIEW

ANGEL

François Ozon

Journaliste:
Vous avez changé une nouvelle fois de style? Qu’a apporté le film en costumes?

François Ozon:
Non je n’ai pas changé de style. J’ai essayé quelque chose de nouveau. J’avais lu le roman il y a quelques années. Et « Swimming pool » n’est pas sans lien, notamme…

© Wild Bunch Distribution

Journaliste:
Vous avez changé une nouvelle fois de style? Qu'a apporté le film en costumes?

François Ozon:
Non je n'ai pas changé de style. J'ai essayé quelque chose de nouveau. J'avais lu le roman il y a quelques années. Et « Swimming pool » n'est pas sans lien, notamment dans les rapports à l'éditeur. J'avais envie de moins d'épures et plus de baroque.

Les costumes d'Angel racontent son ascension et sa chute. A son apogée elle a une robe rouge, qui ensuite s'âbime... On peut ainsi raconter une vie au travers d'un costume ou d'un décors, sur plus de 30 ans.

Journaliste:
On peut comparer votre film avec « 8 femmes » pour le détournement des codes. Du mélodrame parodique au mélodrame exalté...

François Ozon:
Le personnage permettait cela. Elle fuit le réel. Au début on est donc comme dans un conte de fée, et le retour du réel se fait dans une seconde partie.

Journaliste:
Peut-on voir dans votre scénario, une sorte de mysoginie saine?

François Ozon:
Le personnage est beaucoup plus désagréable dans le livre. Nous l'avons beaucoup adoucie. Le regard du spectateur est un peu comme celui de Charlotte Rampling dans le film. Elle ne l'aime pas, puis admire ses rêves, pas ses écrits. Mais Angel n'a aucune intention politique. Elle devient pacifiste (ce qui ne se fait pas à l'époque) par pur éqgoïsme.

Journaliste:
Pourquoi avoir choisi de tourner le film en anglais?

François Ozon:
Il avait été écrit initialement en français. Il fut ensuite travaillé avec un traducteur anglais (Martin), qui a réécrit de nombreuses phrases de manière bien plus directe. Ce qui est plus sec est donc plus drôle. Une certaine ironie britannique en ressort en permanence. Il y a une sorte de distantiation dans les moments les plus tendus, qui existait déjà dans le livre.

Journaliste:
Pourquoi avoir choisi de montrer l'irréaliste...

François Ozon:
Vous parlez sans doute des moments où ils conduisent sans regarder la route avec des décors qui défilent derrière...

Ceci est inspiré de films des années 40 et cela m'amusait d'en voir l'effet sur des spectateurs d'aujourd'hui. Il s'agit de cartes postales pour voyages de noces. C'est un peu sa perception à elle. Au fond, peu importe l'homme qui est en face d'elle, c'est de tomber amoureuse qui l'intéresse.

Journaliste:
Qu'est-ce qui vous a le plus plu dans le personnage d'Angel?

François Ozon:
C'est un film quasi thérapeutique pour un artiste... Quand on a du succès, on peut se couper du monde, s'enfermer dans sa tour d'ivoire (ici la Maison Paradise), sans plus jamais se confronter au réel.

Elle, son don n'est pas exploité, il n'évolue pas. Il continue cependant à se passer des choses dehors. Angel, correspond à une mode, et on se rend compte avec le théatre, qu'elle n'est pas Emilie Bronté. Elle éprouve cependant un vrai plaisir à créer. Elle est un peu en transe dans ces moments là.

Journaliste:
Et vous vous sentez proche de cet état de transe?

François Ozon:
Pas complètement. Je prends plaisir quand je tourne. Mais sur ce film il y a eu beaucoup de contraintes. Le tournage a duré 11 semaines, il a coûté cher, nous sommes partis en Belgique. Et un tournage en anglais n'a pas facilité le fait de trouver des fonds, surtout du fait d'un casting très personnel...

Journaliste:
Comment avez-vous choisi Romola Garai?

François Ozon:
Le casting a eu lieu en Angleterre, avec quelques essais. Elle avait une palette très étendue. Elle a compris le personnage même dans ses aspects antipathiques, car c'est un peu une actrice, ce personnage. Et puis j'ai aussi pensé que c'était mieux de découvrir quelqu'un de nouveau dans ce rôle.

Journaliste:
Comment les acteurs anglais ont-ils perçu le réalisateur français?

François Ozon:
Certains acteurs racontent que je faisais des bruits bizarres, que je râlais derrière la caméra. Romala s'est sentie un peu brutalisée, car je m'adressais peut être aux gens avec moins de tact, du fait de la cadence sur le tournage. Enfin, Sam Neill était très amusé... il ne comprenait pas grand chose...

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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