INTERVIEW

PEAU BLANCHE (LA)

C’est dans la cave du Grand hôtel de Gérardmer que s’engage ce qui sera la première interview du festival 2005. Quinze minutes en privé avec le chaleureux Joël Champetier, co-scénariste du film La peau blanche, très apprécié la veille. Gentillement, l’auteur me tend son livre, une ré…

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C’est dans la cave du Grand hôtel de Gérardmer que s’engage ce qui sera la première interview du festival 2005. Quinze minutes en privé avec le chaleureux Joël Champetier, co-scénariste du film La peau blanche, très apprécié la veille. Gentillement, l’auteur me tend son livre, une réédition, modifiée en partie après le tournage du film. Nous aurons droit à 6 questions ensemble.

Journaliste :

Comment s’est passée l’écriture à deux mains ? Si vous avez dit que cela s’est fait en osmose, qu’en est-il des scènes assez visuelles, exprimant notamment le trouble du jeune homme face à la fille rousse (gros plans, souffle…) ?

Joël Champetier :

Au départ, le roman était écrit du point de vue de Thierry. Mais l’écriture à la première personne était difficile à faire passer en image, mais aussi en structure. Le réalisateur n’était pas lui non plus un expert, puisqu’il s’agit de son premier scénario. Nous étions donc un peu comme deux compagnons en apprentissage. Nous voulions avant tout créer un film à suspense. Du coup, il y a eu un gros travail sur le montage, fait à 80% par Roby, puis par un monteur professionnel, engagé sur la fin du projet.

Journaliste :

Comment expliquez-vous l’attirance du jeune homme pour cette rousse ? Est-ce un goût du danger ?

Joël Champetier :

Le roman jouait beaucoup sur les renversements. Ici le vrai québécois est noir. On inverse les accès au film. C’était donc la même chose pour cette attirance, contraire à ses pulsions.

Journaliste :

Dans ce film, il est beaucoup question de couleur et d’à priori. Vous jouez sur les mots, la copine, c’est « la blonde ». Est-ce un film qu’on peut qualifier de militant ? Et la fin constitue-t-elle un message d’espoir, le personnage refusant l’extermination ?

Joël Champetier :

En fait, il y a diverses interprétations possibles à la fin. Nous avons tourné deux fins, et ce fut difficile de choisir. Dans l’autre version, le jeune homme attendait seul d’aller voir le bébé, alors qu’ici il est intégré à la famille de sa copine. C’était un choix, le couper de la famille, ou l’intégrer. De même, la signification n’est pas la même, si l’on sait ou non quel est le sexe du bébé.

Nous voulions cependant éviter des messages, avec des gros sabots. Cela devait venir de l’histoire. Il fallait garder aux personnages leur humanité et leur complexité.

Journaliste :

D’où est venue la vision de la famille haïtienne ?

Joël Champetier :

Je voulais éviter là aussi la caricature, tout en amenant un rire positif et non moqueur. Au final, les haïtiens que je connais, trouvent cette peinture très vraie, et même en dessous de la réalité, ceux-ci étant très expansifs.

Journaliste :

Quelles sont les principales différences avec votre roman ?

Joël Champetier :

Dans le roman, Thierry est un français qui vient étudier la littérature au Québec. Mais cela compliquait le propos, et menait aussi à des jeux sur les intonations, qu’il était difficile de rendre à l’écran. Il y avait aussi des scènes un peu trop sexuelles dans le bouquin.

Journaliste :

Comment expliquez vous l’embellie du cinéma québécois depuis deux ans, avec des films comme Les invasions barbares, La grande séduction ou 20h17 rue Darling, tous dans des genres différents ?

Joël Champetier :

Le Québec est une culture jeune. Il fallait donc que nous nous représentions d’abord nous même, au travers des films. Du coup, cela devait peut intéresser moyennement les autres peuples. Puis sont venus quelques auteurs avec Le déclin de l’empire américain, et nous avons une nouvelle génération aujourd’hui, qui se concentre plus sur des histoires, qui ont vocation à être plus universelles.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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