17 FILLES

17 filles, 2 sœurs et des milliers de coccinelles

Camille, 16 ans, tombe enceinte par accident. Refusant l’avortement, la jeune fille, arrive à persuader ses copines de faire de même, afin de pouvoir toutes vivre avec leur bébé dans un grand appartement. Séduites par l’idée de fuir l’autorité parentale, les filles organisent une grande fête sur la plage afin de se faire faire, chacune, un enfant...

Au printemps 2008, dans le Massachusetts, 17 élèves de la Gloucester High School sont tombées enceintes. L’infirmière de l’école relata que les filles étaient étonnamment folles de joie à l’annonce de leur grossesse. Effectivement, les adolescentes avaient conclu un pacte entre copines, afin d’élever leurs bébés ensemble. Ce fait divers, Delphine et Muriel Coulin ont choisi de l’adapter de ce côté-ci de l’Atlantique, à Lorient, leur ville natale.

Entre sable et marée, les 17 filles occupent leur ennui à refaire le monde au sommet des dunes. Ni bécasses, ni matures, les voilà piles à l’âge où l’on est adulte physiquement, sans l’être encore totalement dans sa tête. Une époque ingrate où, l’air de rien, on aspire encore à devenir grande. La chef de la bande c’est Camille. Plutôt jolie, et droite dans ses bottes, elle trouve toujours un moyen de s’en sortir. Alors, quand elle tombe enceinte à cause d’un accident de capote, elle choisit de garder l’enfant, pour ne pas perdre la face. Seulement, Camille sait bien qu’une fois maman, elle n’aura plus la même aura. Elle décide alors de rallier toutes ses copines à sa cause en concluant “le pacte”.

Inconsciemment victimes de l’effet de groupe, les jeunes filles se protègent alors derrière un idéal communautaire, où elles s’assumeraient en tant qu’adultes sans donner aucune place aux garçons (et par conséquent aux pères), comme ces jeunes enfants qui considèrent le sexe opposé comme ridicule. Leur mot d’ordre : être des mères jeunes pour ne pas reproduire les défauts de leur parents, bien trop vieux pour comprendre leurs problèmes existentiels. Au nom de la croisade qui est la leur, les rôles changent. L’adolescente constamment tenue à l’écart par les piliers de la bande, gagne soudain ses galons en déclarant sa grossesse. Alors que la bonne copine, à peine pubère, suscite toutes les attentions pour éviter que le plan échoue.

Une fois la trame posée, les deux sœurs arrêtent leur caméra sur l’envers du décor : le quotidien des jeunes filles dans leurs familles réciproques. Le tableau est évidemment peu reluisant et le choix de Lorient comme cadre de l’histoire n’est guère anodin. Ville reconstruite de toutes pièces après la guerre, la cité qui promettait d’être moderne et pleine d’avenir est devenue une ville en déclin. Comme ses copines, Camille vit son manque d’avenir comme une fatalité. À l’image de sa mère, volontaire et efficace qui a pourtant bien du mal à joindre les deux bouts. Alors quand son frère, militaire qui rentre d’Afghanistan, constate « Moi avec ce que j'ai vu, et toi avec ce que t'as fait, on a pris dix ans », la jeune fille réalise la portée de son acte, et commence à vaciller.

«17 filles» est comme cette nuée de coccinelles qui ouvre le film. Elles étonnent, puis se fondent au milieu des dunes, ensevelies par le sable. Une œuvre attachante qui révèle de beaux portraits de femmes enfants.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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