CINÉMAN

Un film de Yann Moix

Hommage désastreux au 7ème art

Régis Deloux est un professeur de mathématiques frustré et aigri dont la vie amoureuse est un néant. Un jour, en allant acheter des livres d’occasion, il découvre entre les pages une broche avec le portrait de Sissi (impératrice) et se pique avec. A partir de ce moment là, il est possédé par un sort étrange, qui l’oblige à prendre un rôle dans plusieurs films pour sauver la pauvre Sissi, enlevée par l’horrible Crapps, dans le but de la ramener dans son film d’origine…

Après l'énorme succès de « Podium », on attendait avec impatience le nouveau Yann Moix, pour qui les rouages d'un succès populaire n'ont plus de secret. Reprenant des ingrédients essentiels à la recette d'un film français grand public, il a choisi de regrouper un acteur populaire, des références au cinéma connues de tous (afin de ne pas perdre ses spectateurs) et une folle envie de divertir. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas. Explication.

Pourtant, le simple fait de vouloir re-visiter des scènes mythiques du cinéma est un fantasme que beaucoup (acteurs et spectateurs) souhaiteraient un jour réaliser, rien que pour cotoyer certaines stars, ou revêtir un costume... La première erreur de Moix a été de privilégier la quantité à la qualité. Sur la dizaine de films proposés, certaines reconstitutions sont assez bien faites (Harold Lloyd, dans « Safety last », où Dubosc est suspendu aux aiguilles d'une horloge, ou encore celle de « Pour une poignée de dollars », où la ressemblance entre Dubosc et Clint Eastwood est assez bluffante), et d'autres laissent dubitatifs (la reconstitution de Tarzan empruntant des images à un docu animalier, où les singes sont des hommes déguisés en singes et où les léopards sont de grosses peluches, ou animaux empaillés). On se doute bien que ce travail de reconstitution doit être très onéreux, alors cette surenchère, malgré de bonnes intentions, en est d'autant plus maladroite...

Du point de vue casting, ceux qui n'aiment pas Franck Dubosc dans ses rôles de lovers vont être déçus, car son rôle de Regis Deloux est une réplique exacte de ce qu'il a l'habitude de faire, voire même encore plus ringarde que d'habitude, car il ressemble à une sorte de Chirac des années 70, cheveux plaqués en arrière et lunettes à gros carreaux. Alors que l'on s'attendrait plutôt à un personnage humble, modeste et discret, à la Spiderman, qui aurait été beaucoup plus crédible, on se retrouve face à un chevalier imbu de sa personne et puant. Pierre-François Martin-Laval, quant à lui, est une caricature ambulante dans son rôle de méchant absolu, son faciès poupon et charmant ne collant pas du tout avec le rôle de salaud qui lui est confié. Quant à Lucy Gordon, elle erre dans cette narration telle une potiche que l'on se dispute...

Mais cette déception face au jeu d'acteurs n'est pas tant de leur ressort, mais plutôt le résultat d'un scénario bâclé. L'histoire du pauvre bougre qui va sauver la princesse pourrait encore passer, mais les mécanismes pour entrer et sortir des films sont ridicules, les reconstitutions pas toujours crédibles, et finalement, ce que Yann Moix voulait faire, rendre un hommage au cinéma, se retrouve massacré à la truelle sur l'hôtel de la négligence... Malgré quelques scènes qui donnent le sourire, « Cinéman » est loin d'être un ambassadeur du 7e art...

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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