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TRANSIT

Un film de Christian Petzold

Une intelligente allégorie plombée par une voix-off inutile

Dans une France contemporaine occupée, l’Allemand Georg, fuyant les forces fascistes, part pour le sud, espérant quitter le pays au plus vite. Mais ayant accepté de délivrer des lettres, il découvre que leur destinataire, l’écrivain Weidel, s’est suicidé. Il décide alors de prendre l’identité de ce dernier et de profiter d’un visa pour rejoindre le Mexique...

On se souvient avec un certain plaisir des chocs sensoriels et émotionnels qu'avaient provoqués les premiers films de l’Allemand Christian Petzold, "Yella" et "Phoenix". Si l'on se doutait, depuis "Barbara", qu'il avait opéré un virage vers un cinéma plus classique, il faut bien avouer que le visionnage de "Transit" aura été une grande déception sur la forme, notamment du fait d’une voix-off redondante avec l'ensemble de l’action.

Si ceci pouvait paraître logique, sous prétexte d'une approche littéraire, le héros usurpant malgré lui l'identité d'un romancier décédé, il faut bien avouer que cette redondance permanente irrite rapidement. Et d’autant plus lorsque le héros fuyard se met à lire les deux lettres et le manuscrit laissé en plan par l’auteur. Si le fond s’avère réellement ambitieux, composant une troublante allégorie sur l’occupation (des allemands en fuite, un vélodrome réquisitionné, une bureaucratie étouffante…), l'intention romanesque marquée, donnant par moments quelques belles scènes (telle celle conclusive dans un taxi) ne transpire que peu la passion et l’instinct de survie.

Si l’amour naissant entre le héros et une mystérieuse femme, est plutôt bien incarnée par Franz Rogowski ("Victoria") et Paula Beer ("Frantz"), on regrettera le trop plein de sagesse dans la mise en scène, et le fait que le poids de la purge en cours, reste au niveau de l'inquiétude plus que du drame. Cette adaptation du roman éponyme de l’écrivaine juive et communiste, Anna Seghers, publié originellement en 1944, malgré une transposition pertinente de nos jours, est donc loin du chef d’oeuvre qu’elle aurait pu être.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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