LES DRAPEAUX DE PAPIER

Un film de Nathan Ambrosioni

Apprivoiser la liberté

Après 12 ans derrière les barreaux, Vincent, la trentaine, bénéficie d’une sortie sèche de prison : il n’aura aucun suivi de réinsertion. Il décide alors d’aller habiter chez sa petite sœur Charlie. Cette dernière, d’abord surprise de son arrivée, va petit à petit l’aider à prendre en main sa vie et sa liberté…

Les drapeaux de papier film image

À travers le destin d’un détenu en sortie de prison sèche, Nathan Ambrosioni (dont c’est le premier long-métrage) propose un questionnement sur la liberté et sa domestication par un homme qui arrive dans un monde qu’il ne comprend pas, mais dont certaines choses demeurent immuables. Vincent doit réapprendre à vivre avec les autres quand sa famille doit recomposer avec son retour, en particulier le personnage de Charlie, sa petite sœur, qui va devoir se muer en une sorte de mère pour lui.

La mise en scène demeure intéressante à plus d’un titre. Elle laisse les sensations et les sentiments des personnages guider les plans. Elle instaure de véritables moments de tensions ou de poésie. Elle fait écho parfois à celle de Xavier Dolan. À tout juste 19 ans, Nathan Ambrosioni fait preuve d’une réelle maturité dans sa réalisation. Il est, sans aucun doute, un des jeunes réalisateurs dont il faudra suivre de près la suite de sa carrière.

Il s’avère fort intéressant de voir comment se conjugue dans le scénario la question de la réinsertion avec celle de la liberté même si, de prime abord, ce n’est pas le principal sujet du film. Mais aussi comment la liberté de Vincent passe par son autonomie et son départ de la cellule familiale, comme quand un jeune quitte son foyer pour la première fois. En cela, le film dépasse son simple sujet de réadaptation post-milieu carcéral pour nous offrir un message plus universel. Dommage, cependant, que le scénario ne développe pas davantage certaines relations avec les personnages secondaires ou certains moments de déconnexion de Vincent, à l’image de la scène du selfie.

Le long-métrage est porté par un excellent duo de comédiens : Guillaume Gouix (Vincent) et Noémie Merlant (Charlie), qui sont extrêmement justes. Le premier est tour à tour touchant puis effrayant, quand la seconde est vulnérable puis forte. "Les drapeaux de papier" s’avère donc un drame intimiste intéressant sur la notion de liberté, porté par un duo attachant sous la caméra d’un tout jeune réalisateur débutant mais inspirant. En somme, une première réussie !

Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

Iris

mercredi 27 mars - 12h16

J'ai vu ce film la semaine dernière et il m'a bouleversé !Le réalisateur filme ses acteurs au plus près, on ressent toutes leurs émotions. Le sujet est fort, traité avec justesse et les acteurs sont magnifiques! Il faut courir voir ce film!

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