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Festival

Festival de Cannes 2013 : Borgman, conte macabre et barré, en route pour la Palme du plaisir

20 mai 2013

Compétition
BORGMAN
d'Alex Van Warmerdam
avec Annet Malherbe, Eva van de Wijdeven, Pieter-Bas de Waard...

C'est certainement l'objet de curiosité et de débats de cette compétition, mais aussi le film le plus stimulant montré jusqu'à présent. Il s'agit du nouveau film du réalisateur culte de "Les habitants" (ressorti en salles en décembre dernier), dont on avait pu voir « Waiter » en 2006, alors que « The last days of Emma Blank » est encore inédit en France. Le voici qui débarque donc sur la Croisette avec un film aux cadrages d'une beauté formelle incomparable, magnifiant la forêt comme la villa moderne dans laquelle se déroule l'action. L'histoire ? Des sortes de SDF vivent dans des sous-terrains en forêt, à la manière d'une meute, et son chassés à coups de fusil par un curé et ses acolytes. Une entrée en matière violente et intrigante, qui pose le héros en marginal inquiétant. Exilé forcé, l'un d'entre eux, dénommé Camiel Borgman cherche alors à s'introduire dans une maison bourgeoise en demandant a prendre une douche.

Narrant l'invasion perverse de l'intimité d'une famille bourgeoise, le scénario s'amuse à souligner, par le biais des actions sournoises de son personnage principal, les tendances racistes, la conscience d'être privilégié et le peu de considération pour les gens pauvres ou exploités. Usant d'une logique de division progressive de cette famille aux individualités prononcées, exploitant la tendance naturelle à la culpabilité, Borgman tente un endoctrinement sournois des enfants, et semble préparer une invasion de plus grande ampleur.

Véritable délice d'humour noir, usant d'images choc (la manière de se débarrasser des corps, façon plantes aquatiques, la tête dans un saut de béton et balancés dans un lac...), ce film hollandais pourrait bien obtenir l'un des prix les plus prestigieux du festival 2013. D'autant que la signification de tout cela donnera des heures de débats aux cinéphiles, argumentant sur la nature de ces drôles d'anges maléfiques, venus recruter parmi les innocents (enfants et adolescents). À moins qu'on ne voit dans leur présence un message politique plus vaste, parabole d'une révolte des gens de la terre contre les plus riches. Une théorie d'autant plus plausible, qu'après une destruction méticuleuse du ménage et de son jardin tant chéri, ces troupes étranges se mettent à semer, comme pour poser les bases d'un monde nouveau. Troublant et jouissif.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur