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Festival de cannes 2024 : pronostics pour le Palmarès

25 mai 2024
Festival de Cannes 2024 Impression 16
© Gianni Fiorito - 2024 The Apartment SRL - Numéro 10 SRL - Pathé Films All Rights Reserved, Fourni par le Festival de Cannes

Comme chaque année, il est de bon ton de tenter l’exercice des pronostics pour le palmarès de cette 77e édition du Festival de Cannes. Un exercice certainement d’autant plus difficile que même si de grands auteurs ont un peu ou grandement déçu (Coppola, Cronenberg, Schrader...), les grands films et les surprises ont été une nouvelle fois au rendez-vous. Rendez-vous donc ce soir à partir de 18h45 sur Twitter puis dans la soirée pour le palmarès officiel.

Sorrentino et Rasoulof en favoris

Aucune possibilité que le film iranien de Mohammad Rasouluf ("Un homme Intègre", "Le Diable n'existe pas") ne figure pas très haut dans le palmarès. Avant-dernier film de la compétition, "Les Graines du figuier sauvage" a été présenté vendredi en présence de son metteur en scène, enfui d’Irani après sa condamnation il y a une dizaine de jours, et montre la rébellion des jeunes femmes et la manière dont le régime traite sa jeunesse et les personnes qui réclament plus de liberté, au travers d’une parabole sur le fonctionnement d’une famille dont le père vient d’être promu juge d’instruction. On le verrait bien en Palme d’or, même si cela aura forcément un aspect très politique. Du coup c’est plutôt en Grand Prix du jury que l’on le positionnera ici.

La Palme d’or pourrait ainsi revenir à la sublime fable de Paolo Sorrentino sur la beauté et la jeunesse perdue, aussi mélancolique qu’envoûtante. Nimbé des superbes lumières de la baie de Naples, "Parthenope" voit la mise en scène souvent clinquante du réalisateur italien s’assagir quelque peu, faisant place à l’émotion autour de cette jeune sirène d’une beauté saisissante, qui tâche de se frayer un noble chemin entre les hommes qui la convoitent.

Demi Moore et Jesse Plemons en prix d’interprétation

On se disait encore il y a quelques jours que les rôles masculins d’importance n’étaient pas légion cette année. Si on a forcément été impressionnés par la prestation du jeune Iago Xavier en paria se découvrant un destin amoureux dans le glauque "Motel Destino" où il est réfugié, on doute cependant que le jury souhaitera récompenser ce film-là en particulier. Car il s'agit en effet d'une histoire d’adultère et de pauvreté ayant surtout l’originalité de son traitement sonore et visuel. La prestation de Sebastian Stan, dans le rôle de Donald Trump jeune, dont il adopte les mimiques et gestuelles, impressionne également dans "The Apprentice". Mais l’acteur a déjà obtenu le Prix du meilleur premier rôle au Festival de Berlin en février dernier pour "A Different Man", réflexion sur les apparences et les avantages donnés par la beauté physique.

L’acteur du film iranien Missagh Zareh pourrait aussi avoir le prix, pour son rôle de père obnubilé par sa réputation et sa position dans le système, prêt à sacrifier la confiance au sein de sa famille plutôt que laisser l’emporter ses doutes. Mais on voit le film plus haut au palmarès, à moins que le jury soit autorisé cette année à cumuler prix d’interprétation et autre prix pour un même long métrage. Du coup c’est vers le triple rôle de Jesse Plemons dans le film à sketches de Yorgos Lanthimos "Kinds of Kindness" que devrait se porter le choix des jurés. À la fois homme soumis à son patron, compagnon persuadé qu'une autre est revenue à la place de sa femme et assistant d'une femme lancée dans une étrange quête, l’acteur montre ici de nombreuses facettes dans des rôles finalement très différents.

Côté rôles féminins, une des outsiders est la jeune actrice anglaise Nykiya Adams vue dans le rude et tendre "Bird" d’Andrea Arnold, présenté en début de festival. On a aussi adoré la prestation de Mikey Madison dans "Anora", en travailleuse du sexe ayant touché le gros lot en épousant soudainement un fils d’oligarque russe, et qui ne compte pas se laisser faire quand les hommes de main des parents débarquent pour casser le mariage. Impressionnante autant physiquement que dans le naturel et la crudité de son langage, on se dit globalement qu’elle joue dans une comédie peut-être trop grand public pour l’emporter.

Du coup c’est la vétérane et son retour fracassant sur le devant de scène dans le film choc de Coralie Fargeat "The Substance" qui devrait avoir les faveurs du jury. Dans ce conte moderne sur la beauté éternelle, Demi Moore joue en effet une actrice vieillissante devenue animatrice d’une émission d’aérobic, à laquelle est proposé un traitement lui permettant de se créer un double jeune et parfait physiquement. Film de genre autant que thriller psychologique n’hésitant pas à verser dans le gore, le long métrage assume ses excès tout en embarquant son personnage principal dans une guerre de tranchées avec sa version plus jeune, prête à tout pour accéder à ses rêves.

D’autres prix plus ouverts

Pour le Prix de la mise en scène, si Jacques Audiard pour sa comédie musicale "Emilia Perez" située dans le milieu des cartels le mériterait, on se dit que ce sont plutôt les audaces formelles de Magnus Von Horn pour "La Jeune Femme à l’aiguille", rude description de la condition féminine au Danemark au début du XXe siècle et son sublime noir et blanc, ainsi que la narration déstructurée, souvent en l’absence des protagonistes à l'écran, de Miguel Gomes pour "Grand Tour" qui pourraient se retrouver ici à égalité.

On verrait bien du coup Audiard en Prix du jury pour l’originalité du traitement, avec son portrait d’un chef de cartel désirant devenir la femme qu’il a toujours été. Un prix qu’il pourrait partager avec le projet fou du Chinois Jia Zhangke "Caught by the Tides" qui a utilisé les rushs de ses propres films pour narrer l’évolution de la Chine contemporaine durant les 25 dernières années, tout en recréant une histoire d’éloignement et de retrouvailles d’un couple. Un poème déroutant qui a séduit un certain nombre de festivaliers.

Le prix du scénario, faute de mieux, devrait revenir au génial "Anora" de Sean Baker, tordant le cou aux histoires de mafieux russes en transformant la menace qui pèse sur une prostituée en véritable comédie, grâce à un personnage de femme forte. On adore et on en redemande.

Enfin le prix du meilleur premier film (la fameuse Caméra d’or) pourrait revenir à "The Village Next to Paradise" de Mo Harawe, peinture d'une famille recomposée somalienne, qui n'évite aucun sujet lié aux dysfonctionnements et inégalités de la société. Un film présenté dans la section Un certain regard dont on se rappellera longtemps.

Pronostics pour le palmarès de la compétition officielle

Palme d’or
PARTHENOPE
de Paolo Sorrentino

Grand Prix du jury
LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE
de Mohammad Rasoulof

Prix de la mise en scène
Miguel Gomes
pour GRAND TOUR
Ex aequo
Magnus Von Horn
pour LA JEUNE FEMME À L'AIGUILLE

Outsider :
Jacques Audiard pour "Emilia Perez"

Prix d’interprétation masculine
Jesse Plemons
dans "Kinds of Kindness"

Outsiders :
Sebastian Stan dans "The Apprentice"
Iago Xavier dans "Motel Destino"
mais aussi Missagh Zareh dans "Les Graines du figuier sauvage"

Prix d’interprétation féminine
Demi Moore
dans "The Substance"

Outsiders :
Nykiya Adams dans "Bird"
Mikey Madison dans "Anora"
Karla Sofía Gascón (actrice trans) dans "Emilia Perez"

Prix du scénario
ANORA
de Sean Baker

Prix du jury
EMILIA PEREZ
de Jacques Audiard
Ex-æquo avec
CAUGHT BY THE TIDES
de Jia Zhang-Ke

Outsider :
Francis Ford Coppola pour "Megalopolis"

Camera d’or
THE VILLAGE NEXT TO PARADISE
de Mo Harawe

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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