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LE DRAGON-GÉNIE

Un film de Chris Appelhans

Aladdin meets Mushu !

À Shanghaï, le jeune Din est un rêveur. Lorsqu’il trouve une théière d’où surgit un dragon-génie qui lui promet d’exaucer trois vœux, cela pourrait être l’occasion de s’extraire de sa pauvreté et d’avoir les moyens de ses ambitions. Mais son souhait le plus cher, c’est qu’il puisse retrouver Lina, sa copine d’enfance, et que leur amitié renaisse…

Le Dragon-génie film movie

Sortie le 11 juin 2021 sur Netflix

Deuxième sortie Netflix de l’année pour Sony Pictures Animation après le chef d’œuvre "Les Mitchell contre les machines" (et en attendant "Vivo" prévu d’ici la fin de l’année), ce "Dragon-génie" donne d’abord l’impression d’être un recyclage d’idées, notamment avec la créature du titre qui ressemble à un croisement entre le génie déjanté d’"Aladdin" et l’espiègle Mushu de "Mulan". Plus généralement, sans qu’il n’y ait d’autre comparaison précise à établir de façon flagrante, l’histoire suit de nombreux sentiers balisés qui ont fait le succès de l’animation 3D depuis les années 1990.

Les grandes lignes du scénario ne sont donc guère surprenantes, tout comme le message peu nuancé du genre « l’argent ne fait pas le bonheur », avec une ode à la simplicité des choses et des rapports humains aux dépens des rêves de richesse, de gloire ou de célébrité. Avec, entre autres, Aron Warner ("Fourmiz" et la saga "Shrek") et Jackie Chan aux commandes de cette production sino-américaine, "Le Dragon-génie" semble suffisamment calibré pour plaire à la fois aux publics chinois et occidentaux, avec une sorte de morale anticapitaliste soft (qui peut vaguement faire écho au récent blockbuster chinois "Super Me" également sorti sur Netflix). D’une certaine façon, c’est un pur produit de la mondialisation culturelle, qui tente de ménager la chèvre et le chou en caressant les traditions dans le sens du poil sans mépriser totalement la modernité.

Malgré cette entrée en matière a priori peu reluisante, cette critique n’a pourtant pas pour objectif de déprécier ce qui reste un sympathique long métrage d’animation. En effet, on ne peut que constater l’efficacité du métrage et la quasi absence de fausse note – on s’interrogera surtout sur les mystérieuses circonstances qui ont conduit un personnage (que nous n’identifierons pas pour ne rien divulgâcher) à connaître l’existence de la théière magique et à vouloir s’en emparer à tout prix. Le dragon n’a finalement rien à envier à ses modèles (qu’on finit presque par oublier), les gags sont souvent percutants, les personnages attachants. De plus, pour sa première réalisation, Chris Appelhans (illustrateur et animateur expérimenté ayant collaboré à diverses écuries sur "Les Cinq Légendes", "Coraline", "La Princesse et la Grenouille" et autres "Fantastic Mr. Fox") nous sert le tout dans un enrobage esthétique coloré qui s’avère séduisant.

On relativise donc facilement les impressions de déjà-vu ou d’équilibrisme idéologique, d’autant "Le Dragon-génie" s’en donne à cœur-joie pour proposer des variations enthousiasmantes et en partie parodiques, s’autorisant notamment des caricatures hilarantes, comme ce méchant stoïque capable de se battre en conservant les mains dans ses poches, ou ce voisinage envahissant moquant à la fois le ridicule de la pression sociale et le goût pour le voyeurisme et les commérages. Ce film nous offre finalement d’excellentes séquences, comme celle de l’embouteillage, celle où le jeune héros devient soudainement un as du kung-fu, ou encore celle durant laquelle on entend les pensées du dragon au lieu des explications du jeune homme qu’il est supposé écouter.

L’essentiel est finalement là : on s’amuse vraiment ! On ne criera pas au génie, mais on peut tout de même se dire qu’il est possible de faire du quasi neuf avec du vieux. Et on peut varier les plaisirs en optant pour la VF, pour la VO américaine ou pour le doublage en mandarin où Jackie Chan assure lui-même la voix du dragon. À suivre – puisque oui, une suite est envisagée.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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