TITINA

Un film de Kajsa Næss

Un heureux mélange d’animation et d’images archives, pour une belle aventure humaine

En Italie en 1925, alors que le Dulce est déjà en place, l’ingénieur Umberto Nobile trouve par hasard une petite chienne voleuse de saucisses qu’il baptise Titina. Contacté par l’explorateur norvégien Roald Amundsen, il va devoir fabriquer pour lui un dirigeable capable d’affronter le froid polaire. A sa demande, il l’accompagnera avec ses techniciens sur le Norge, emmenant avec eux Titina, dans une expédition vers le pôle Nord…

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Au premier abord "Titina" peut paraitre d’une grande simplicité graphique. Les personnages ont un trait de contour très fin et sont composés de différents aplats de couleurs, ne disposant d’aucun ombrage pour leur donner du volume. Mais cela permet de les mettre en valeur sur un fond de décors ou paysages dont le relief et les ombrages sont travaillés de manière différenciée, entre des représentations plus réalistes, accompagnées de traits fins obliques qui viennent renforcer les formes, créant des zones de nuances, et d’autres éléments plus abstraits comme pour le design stylisé de certains arbres ou nuages. De plus, le choix d’alterner les images d’archives et les scènes reconstituées en animation s’avère parfaitement judicieux pour donner plus de réalisme à l’histoire vécue de cette expédition polaire alliant un Norvégien et un Italien.

Située à l’époque de l’arrivée du fascisme en Italie, la collaboration et les rivalités entre les deux hommes prennent ici une dimension particulière, l’ensemble du récit renvoyant un sain message d’amitié entre les nations. Prendre indirectement Titina, la petite chienne Fox Terrier trouvée par l’ingénieur italien, comme héroïne, même si le récit n’adopte qu’en de rares moments son point de vue, permettra de plus l’adhésion des plus petits et ajoute indéniablement un aspect émotionnel supplémentaire au film. D’autant que les quelques scènes où le spectateur se retrouve seul auprès de Titina sont l’occasion de passages oniriques des plus intrigants (la vision du pingouin empaillé qui se met à chanter, le contact avec la baleine sous la banquise...).

C’est ainsi aussi par quelques moments aériens que sont évoqués les principaux drames de l’aventure, avec un certain tact. Les auteurs utilisent également les différences de couleurs pour marquer le contraste entre les deux pays (soutenues et multiples pour l’Italie, plus sobres et éteintes pour la Norvège), détournent l’imagerie fasciste (un écureuil, des pattes croisées...), et disposent de belles idées comme lorsque des musiciens ou chanteurs générant la musique ambiante suivent les personnages dans d’autres scènes (mention spéciale à la montée sur des marchés de pétales !). Entre poésie et réalisme, "Titina" est donc un récit prenant, émouvant et inspirant, qui n’est pas en reste niveau petites touches d’humour.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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