UNE VIE SECRÈTE

Un nouveau film poignant sur la guerre civile espagnole

1936. Alors que la guardia civil tente de l’arrêter, Higinio parvient à se cacher dans une pièce secrète à l’arrière d’une commode. Sa femme, Rosa, affirmant qu’il est parti, se retrouve isolée de sa famille et des autres habitants du village…

Une vie secrète film

Démarrant d’emblée comme un film immersif, en caméra subjective filmant entre deux planches, suggérant la manière dont le personnage principal observe des morceaux de vie « extérieure », "Une vie secrète" s’affirme rapidement comme un huis clos crépusculaire. Jouant avec l’obscurité, alternant les points de vue, la caméra se positionne globalement à proximité de celui qui va vivre reclus des années, comme ces « taupes » qui ont hanté leurs propres maisons jusqu’à la sortie de la dictature franquiste.

Si on regrettera l’absence de regard sur les actes commis ou non par celui qui est initialement accusé de plusieurs méfaits, le parti pris du film visant à se concentrer sur le vécu de l’homme et de sa complice de compagne, tient parfaitement la route. Il donne en tous cas aux deux interprètes, formidables de justesse, une importance cruciale. Antonio de la Torre ("La Isla Minima", "Que dios nos perdone") s’investit à fond dans un rôle finalement assez physique et minimaliste, adoptant un accent plus vrai que nature. Quant à Belén Cuesta, elle mérite amplement son Goya de la meilleure actrice avec un rôle de femme dont l’amour devient une insupportable prison.

S’il parvient par moment à transmettre la peur, lors d’une scène de descente d’intrusion dans la maison et de violence envers la femme, le film permet surtout d’esquisser la question de la division des familles, avec quelques personnages secondaires de proches, devenant des sources de danger. Chapitré avec quelques définitions du dictionnaire (« allié », « franc »…), le film ne génère cependant l’émotion qu’en de rares moments. Reste que ce film, ayant remporté les prix de meilleur réalisateur, meilleur scénario et de la critique au Festival de San Sebastián 2019, retrace une page essentielle et méconnue de l’Histoire récent de l’Espagne.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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