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PINOCCHIO

Un choix historique qui apporte une dimension supplémentaire à un conte toujours aussi sombre

Le vieux Gepetto a perdu son fils Carlo à l’âge de 10 ans, pendant la guerre, lorsqu’une bombe est tombée sur une église. Des années plus tard, inconsolable, il abat le pin qui se trouve à côté de la tombe de Carlo et décide de sculpter un pantin dans son bois. Une nuit, la gardienne des esprits de la forêt lui donnera vie. Mais Pinocchio est un garçon curieux, turbulent, et indiscipliné, et l’envoyer à l’école ne sera pas chose facile…

Pinocchio Guillermo del Toro film animation animated feature movie

Sortie le 09 décembre 2022 sur Netflix

En choisissant de situer son "Pinocchio" dans l'entre deux guerres, avec la montée du fascisme dans une Italie où il n’hésite pas à représenter Benito Mussolini, Guillermo Del Toro apporte une dimension supplémentaire au roman italien pour enfants "Les Aventures de Pinocchio", écrit en 1881 par Carlo Collodi, déjà maintes fois porté à l’écran. Il continue aussi de creuser le sillon qu’il avait entamé avec "L’échine du diable" et poursuivi avec "Le Labyrinthe de Pan", intégrant pleinement le célèbre à son œuvre. Il mêle ainsi des créatures mythologiques plus proches de son univers (le petit fantôme à un œil, la déesse et ses cornes, la sœur de celle-ci et ses mille yeux...) à des personnages qui ne figuraient pas tout dans le livre, tout en oubliant d'autres au passage (le renard et le chat...).

Déjà maintes fois adapté au cinéma depuis 1911, notamment sous forme animée par Walt Disney en 1940, mais aussi par Roberto Benigni en 2002 (un désastre) ou encore par Matteo Garonne en 2019, mettant particulièrement la misère en avant, et récemment par Robert Zemeckis cette année même (la version live du Disney avec Tom Hanks, directement passée sur Disney +), la trajectoire de "Pinocchio" se construit ici avec pour fond la montée du fascisme et la seconde guerre mondiale. Pinocchio est ainsi non seulement une parabole sur la naïveté enfantine, facilement manipulée par des adultes malveillants, mais aussi sur l'obéissance aveugle d'un jeune homme enrôlé de force et devenant chair à canon.

Le récit reste cependant globalement orienté vers un public enfantin, et malgré la stop motion d’une incroyable fluidité, adoptant des mouvements de caméra rarement vus avec cette technique, le parcours de ce gamin apprenant la responsabilité ne surprend guère que lorsque Guillermo Del Toro oppose l’amitié face à la barbarie et à l’esclavage, et on se dit qu'il aurait pu nous épargner quelques passages chantés. Saluons cependant l’impressionnant travail de détail sur les décors (jusque dans les effrayantes affiches "Croire, Obéir, Combattre"), un léger goût pour l’irrévérence, mais aussi quelques petites touches d’humour (le sort répété de Gemini le cricket, conteur auquel Ewan McGregor prête sa voix, le sort de la mouette posée sur une mine...) qui viennent alléger ce film de Noël, au récit finalement très sombre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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