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MY ZOÉ

Un film de Julie Delpy

Un sujet peut-être… trop personnel

Isabelle est chercheuse et habite Berlin. Son ex-mari, James, est anglais, et tous deux partagent la garde de sa fille Zoé. Mais les tensions entre les anciens époux n’ont fait que s’exacerber et le jour où Zoé tombe malade et doit être emmenée à l’hôpital, les reproches se multiplient…

My Zoé film movie

On voit bien de ce qui a pu intéresser cette cinéaste à cheval entre deux langues et que l’on aime tant qu’est Julie Delpy. Déjà fortement intéressée par le thème du couple, dans son rapport à la famille comme un ensemble, parfois réduit au duo de grands parents, elle avait accouché du fabuleux "2 Days in Paris" et du très séduisant "Le Skylab", dont les moments les plus réussis, à la fois criants de vérité et réjouissants de cynisme, étaient sans doute les scènes collégiales, souvent autour d’un repas. Deux comédies douces amères qui ont marqué sa filmographie et conforté son pedigree d’auteure et de fine dialoguiste, au delà de ses scénarios autour d’un couple à 20 ans, 30 ans et 40 ans, sur la trilogie "Before Sunrise", "Before Sunset" et "Before Midnight", réalisée par Richard Linklater, dont la noirceur augmentait naturellement avec l’âge de ses protagonistes.

La voici qui, s’il elle revient sur des questions de séparation, traite aujourd’hui du sujet de l’enfant, au travers de son rôle de mère complice, angoissée par le risque de disparition prématurée de cette petite fille qui a toutes ses attentions. Et si elle excelle dans la représentation du manque en se focalisant sur d’apparents petits riens (une main tendue dans la rue, comme si sa fillette était encore là, le souvenir de petits pieds dans le bain lorsqu’elle prend une douche…), elle parvient certes à capter l’imposante charge mentale qui écrase cette mère pleine de bonne volonté, mais au détriment d’un personnage masculin qui semble par moments construit dans le but même de cette démonstration.

Loin de toute fantaisie ou regard distancié auquel elle nous avait habitués (le sujet s’y prête sans doute difficilement), nous plongeons donc avec elle au cœur d’un drame, qui tente vainement au travers de dialogues, de résoudre tous les dilemmes d’un ancien couple aux aspirations différentes (l’indépendance pour elle, l’espoir d’un retour en grâce pour lui) et surtout d’une situation où le soupçon devient vite venin. La scène de la salle d’attente à l’hôpital paraît par exemple trop explicite, tentant d’embrasser toutes les contradictions des deux personnages. Mais en entamant un surprenant virage au beau milieu du film, nous entraînant dans des questionnements encore plus intimes autour de l’espoir et du lien, elle permettra à certains spectateurs de respirer, autant qu’elle en perdra d’autres quand se posera la question de la crédibilité. A vous peut-être de choisir, comme elle, entre fatalité et espoir chevronné.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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