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CREATURAS

Un film de Carlos Vermut

La belle et l’insondable bête

Julian est concepteur graphique pour des jeux vidéos. Son entreprise a d’ailleurs mis à sa disposition, la dernière technologie en la matière, qui lui permet, grâce à un casque VR, de dessiner directement dans l’espace les principaux volumes des créatures qu’il imagine, avant de les reprendre par ordinateur et de leur donner une texture. Travaillant souvent de manière isolée, il est aussi peu doué avec les femmes. Jusqu’à ce qu’il rencontre Diana, étudiante en histoire de l’art, lors d’un anniversaire. Tous deux commencent alors à se connaître…

Creaturas film movie

Le nouveau film de l’espagnol Carlos Vermut, réalisateur remarqué de "La Niña de Fuego" et de "Quien te cantara" et scénariste du troublant "Abuela" de son complice Paco Plaza, revient avec un film psychologique, qui refuse de manière pertinente de partir dans le fantastique. Il y avait pourtant matière, notamment avec les créatures effrayantes que crée le protagoniste, le synopsis officiel le suggérant d’ailleurs aussi au passage. Pourtant il n’en sera rien, et le fait que "Creaturas" soit un drame intimiste, souvent silencieux à l’image de la première scène, qui s’attarde longuement sur Julian, casque VR sur la tête et manettes à la main, n’en fait pas moins une œuvre inquiétante, au sujet éminemment casse gueule.

Dans cette scène d’introduction, on ne verra d’ailleurs pas ou peu ce que le personnage est en train de créer, comme si ses créations n’étaient qu’à lui, comme une part de cet intérieur rongé par d’autres démons, que Vermut va suggérer avec habileté, plutôt que montrer, générant pourtant une part de malaise. L’intérêt du scénario réside aussi dans ce regard que va poser Diana sur lui, trouvant elle-même un regard mélancolique à ses créatures monstrueuses, et tâchânt de comprendre la nature de Julian plus que de le juger au premier abord. Nacho Sánchez incarne avec justesse Julian, dans ses crises d’angoisse, ses gênes difficilement dissimulées, ses pulsions non assumées. Il participe grandement du malaise que dégage cet intelligent mais exigeant film, qui tâche de porter un regard autre sur un sujet non moins dérangeant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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