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Daniel Day-Lewis

Acteur

Acteur très exigeant et perfectionniste obsessionnel, Daniel Day-Lewis est réputé pour s’imprégner totalement des personnages qu’il interprète. Grand représentant de la méthode Stanislavski, il est aujourd’hui l’un des comédiens les plus respectés par ses pairs, ses prestations s’accompagnant très souvent de multiples récompenses. Ce grand discret choisit avec minutie chacun de ses rôles, renforçant le mystère et l’aura qui l’accompagnent.

Daniel Day-Lewis est né le 29 Avril 1957 à Londres d’une mère actrice, Jill Bacon, son père n’étant autre que le poète et romancier Cecil Day-Lewis. Son enfance est ainsi bercée par le milieu artistique, d’autant plus lorsque l’on sait que son grand-père était le directeur des grands studios Ealing. Très tôt, la famille déménage pour Greenwich, banlieue londonienne dans laquelle il grandira aux côtés de sa sœur ainée. Bien que l’argent ne soit pas un souci, ceux-ci décident de s’installer dans ce quartier populaire, ce qui causa des difficultés au jeune Daniel. En effet, ce dernier est victime de nombreuses railleries à l’école, éprouvant toutes les difficultés à se faire accepter par ses camarades. Progressivement, le garçon se renferme sur lui-même, sa timidité l’empêchant de s’ouvrir aux autres, et c’est une scolarité solitaire que va connaître le petit garçon. Pour autant, il profite d’être en retrait pour observer ses compères, et très jeune, il s’amuse à les imiter, à appréhender l’accent local et les coutumes ouvrières. Néanmoins, l’école est un véritable supplice pour le garçon, celui-ci détestant aussi bien le sort qui lui est réservé que l’enseignement qu'il reçoit. Pour se faire remarquer et exister auprès de sa classe, il va alors se révolter et s’amuser à commettre des petits délits mineurs, comme du vol à l’étalage. Ses parents, face à ce comportement inadapté pour des gens de leur standing, décident de l’envoyer dans un internat, lieu de naissance de sa passion pour le métier de comédien. Néanmoins, le bambin continue de rester reclus dans son coin, dédaignant les cours, et n’hésitant pas à sa battre avec ceux qui tentent de l’approcher. Il multiplie alors les écoles jusqu’à être interné dans un hôpital psychiatrique, peu après la mort de son père.

Introverti et mal dans sa peau, Daniel a trouvé comme échappatoire la scène où ses prestations sont remarquées sur les planches du National Youth Theatre. Lorsqu’il se jette à cœur ouvert dans ses rôles, il oublie ses problèmes et sa timidité, la comédie lui sert alors de moyen d’expression. Mais lorsqu’il termine l’école, il décide de se tourner vers son autre passion, le travail du bois, et de devenir ébéniste. Toutefois, voyant les portes de ce milieu se refermer sur lui-même, il prend la décision de transformer son amour pour le théâtre en métier. Accepté à la Bristol Old Vic School, il ne vit plus que pour la comédie, dévorant des heures de pellicules lorsqu’il n’est pas sur scène à déclamer les textes des grands dramaturges. Après des milliers d’heures sur les planches, les amateurs des salles obscures découvrent son minois pour la première fois avec « Gandhi » de Richard Attenborough puis dans « Le Bounty » de Roger Donaldson. Mais ce sont ses deux rôles suivants qui vont lui apporter la popularité et les premières statuettes de sa longue collection de récompenses. En 1985, il impressionne dans le rôle d’un homosexuel marginal épris d’un immigré pour Stephen Frears (« My beautiful Laundrette ») et dans celui du gendre idéal de « Chambre avec vue ».

Si les propositions se multiplient sur son bureau, Daniel Day-Lewis va se tourner vers des rôles difficiles, acceptant uniquement les personnages qui lui permettront de relever un défi. En 1987, il fait tout l’étalage de son talent en poète handicapé dans « My left foot », un oscar du meilleur acteur à la clé. Sa dévotion est complète, le jeune acteur ne quittant pas son personnage de tout le tournage, pendant plusieurs mois, il se déplace ainsi uniquement en fauteuil roulant, se faisant nourrir à la petite cuillère. Sa méthode restera toujours la même, à chaque rôle, il devient celui qu’il interprète, lui et son double cinématographique ne faisant plus qu’un le temps de quelques mois. Son immense talent est adulé par tous les critiques et metteurs en scène, pour autant, Daniel Day-Lewis aime se faire rare sur les écrans. C’est ainsi, sans aucune hésitation, qu’il refusa les rôles principaux de « Philadelphia », « La Liste de Schindler », « Le Patient anglais » ou encore plus récemment le rôle d’Aragorn dans la trilogie du « Seigneur des anneaux ». Qu’il soit « Le Dernier des Mohicans » ou un innocent condamné à tort dans « Au nom du Père », chacune de ses apparitions suscitent l’émerveillent et une pluie de récompenses. Après avoir retrouvé pour une troisième fois Jim Sheridan en 1997 avec « The Boxer », ce n’est que cinq plus tard qu’il réapparaîtra sur les écrans sous les traits du terrifiant Bill le Boucher du « Gangs of New-York » de Martin Scorsese.

Rarement un acteur aura éveillé autant de respect de la part de ses pairs, chaque rôle lui valant des critiques dithyrambiques et les considérations de l’ensemble de la profession. Si certains décident d’opter pour plus de facilité au fil des années, jamais Daniel Day-Lewis n’a envisagé d’accepter un film dans lequel il ne pourrait pas relever un défi. Sa méthode s’est peaufinée au fur et à mesure des tournages, renforçant la puissance de ses immersions extrêmes. Il dispose d’une palette d’émotions exhaustive, rien ne lui semblant impossible à jouer. Chaque composition est grandement préparée en amont, le comédien multipliant les sources d’information et les techniques pour connaître son personnage. Le Daniel Plainview meurtrier et violent qu’il campe dans « There will be blood » de Paul Thomas Anderson hante ainsi encore la mémoire des cinéphiles. Si la comédie musicale « Nine » apparaît comme une tâche au cœur de cette filmographie parfaite, sa prestation dans le biopic « Lincoln » de Steven Spielberg nous a montré qu’il n’avait rien perdu de son talent, l’intensité qu’il dégage n’ayant pas diminué d’un ampère.

Daniel Day-Lewis demeure ainsi un acteur mystérieux et atypique, se consacrant entièrement à ses rôles, oubliant la réalité le temps d’un tournage pour vivre uniquement dans la fiction. Si beaucoup recourent à cette méthode, peu la maîtrisent autant que lui, pour preuve ses quelques soixante-dix récompenses. D’une nature effacée et timide, celui-ci se transcende à chacune de ses prestations pour offrir des compositions exceptionnelles, son charisme éclaboussant la pellicule. Notre seul regret est de le voir si peu à l’écran, mais l’attente suscitée par ses projets ne serait plus la même…

Le saviez-vous ?

Daniel Day-Lewis est mariée à l’actrice et réalisatrice Rebecca Miller pour laquelle il a joué un hippie reclus avec sa fille sur une île perdue dans « The Ballad of Jack and Rose ». Pour préparer son rôle et comprendre la psychologie de ce personnage, le comédien a vécu coupé du monde durant plusieurs semaines, y compris de sa femme.

Filmographie sélective

2013 : Lincoln, de Steven Spielberg
2009 : Nine, de Rob Marshall
2007 : There will be blood, de Paul Thomas Anderson
2005 : The ballad of Jack and Rose, de Rebecca Miller
2002 : Gangs of New-York, de Martin Scorsese
1997 : The Boxer, de Jim Sheridan
1996 : La chasse aux sorcières, de Nicolas Hytner
1993 : Au nom du père, de Jim Sheridan
1993 : Le temps de l’innocence, de Martin Scorsese
1992 : Le dernier des Mohicans, de Michael Mann
1989 : My left foot, de Jim Sheridan
1987 : L’insoutenable légèreté de l’être, de Philip Kaufman
1985 : My beautiful Laundrette, de Stephen Frears

Christophe Brangé Envoyer un message au rédacteur

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