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LE VILLAGE

Un film de M. Night Shyamalan

Un film terrifiant et politique, doublé d'une formidable romance

Dans une communauté isolée, les villageois vivent dans la menace permanente liée aux créatures peuplant les bois alentours. Celles-ci sont attirées par la couleur rouge, et ne pénètrent dans le village que lorsque quelqu’un à enfreint l’interdiction de se rendre dans leurs bois. Lucius Hunt (Joaquin Phoenix) demande alors l’autorisation de traverser les bois pour aller chercher des médicaments en ville…

M. Night Shyamalan est l'auteur réputé et efficace de Signes, Incassable et surtout Sixième Sens. Et son nouveau film ne déroge pas aux règles qu'il a su établir au travers des autres : il fait peur. Comme les autres fois, il fait appel à la peur ancestrale de l'étranger, de l'inconnu (comme dans Signes), qui se retrouvent ici dans des bois peu sympathiques. Et surtout, il s'inspire de contes classiques, dont la symbolique résonne en chacun de nous : le petit poucet, le petit chaperon rouge… Ceci pour mieux nous terrifier avec de si insignifiants évènements ou accidents, une berge qui s'effondre, une ombre qui passe... et les sursauts sont donc légions. Il réserve également deux secrets de taille, dont le premier décevra peut être, mais dont le second revêt une ampleur inattendu pour qui le saisira dans toute sa complexité.

Mais il y a dans Le village, deux grosses différences. D'une part, elles résident dans l'omniprésence d'une histoire d'amour simple, entre une aveugle, qui perçoit l'aura des gens, et un jeune homme timide, qui montre volonté et curiosité. Et d'autres elles part dans le message à caractère politique et social qui se dégage de cette œuvre, traitant d'un phénomène devenu commun aux Etats Unis, les communautés privées, et surtout de la tendance d'un peuple à se sur protéger de ses ennemis, et à vivre presque constamment dans la peur. Un message qui trouve forcément résonance en ces temps de guerre en Irak et de campagne présidentielle, comme ont pu le montrer d'autres films tels Fahrenheit 911.

Ajoutons que Bryce Dallas Howard est une véritable révélation, qu'on retrouvera dans Manderlay, la suite de Dogville, en remplaçante de Nicole Kidman. Ingénue et maîtresse de son destin et de ses émotions, elle est le véritable homme fort du couple, le personnage de Joaquin Phoenix étant d'une vulnérabilité inattendue. Face à eux, le troublant Adrien Brody convainc une fois de plus de son immense talent. Un film éprouvant, qui ne manquera pas de vous surprendre, malgré quelques grosses ficelles par moment (la poursuite dans les bois), mais dont l'ambiance hors du temps, vaut à elle seule le détour.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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