Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

SHOWING UP

Un film de Kelly Reichardt

Lorsque les nuances se confondent avec l’ennui

Alors que le vernissage de son exposition se rapproche, Lizzie doit gérer son frère alcoolique, une panne d’eau chaude et l’irruption d’un pigeon blessé. On a vu plus paisible comme ambiance pour préparer un évènement si important…

Showing Up film movie

Souvent dans le cinéma de Kelly Reichardt, il est question du lien unissant des individus et un environnement. Qu’il s’agisse frontalement d’un espace naturel (la forêt de "Old Joy", le barrage de "Night Moves") ou d’une zone plus étendue (le far west de "First Cow" et "La Dernière piste"), sa caméra aime capturer le rapport entre l’homme et un lieu précis, la manière dont un comportement est dicté et influencé par le contexte visible ou invisible qui l’entoure. Ici, c’est à Portland que la réalisatrice va enraciner son intrigue, dans une communauté d’artistes vivant en marge du centre-ville. Chacun semble bénéficier d’une liberté totale, occupant ses journées à faire exister ses œuvres sans se soucier des tracas de la société moderne. Lizzie (géniale Michelle Williams) voit son vernissage se rapprocher. Mais entre sa famille en roue libre, une panne de chaudière qui l’épuise et la surveillance d’un pigeon blessé, l’exposition ne s’avère pas la plus simple à préparer.

Archétype du film indé américain, "Showing Up" s’impose comme une ode mineure à la création, privilégiant l’ambiance au récit. Le spectateur est alors baladé de saynètes peu cocasses en séquences plus nostalgiques, partant à la rencontre de personnages trimballant leur spleen et leur excentricité. Sorte de comédie bobo new-yorkaise exilée du côté de l’Oregon, le métrage déploie une grammaire visuelle bien trop connue pour se suffire à elle-même. Si le résultat n’est pas déplaisant, son absence de profondeur le condamne à l’anecdote, à n’être qu’un énième projet A24 dont on oubliera très probablement rapidement le titre. Si on apprécie beaucoup Kelly Reichardt et qu’on se satisfaisait de sa sélection en compétition au Festival de Cannes pour la première fois, on aurait tellement aimé que ce soit avec un film plus ambitieux…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire