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MICMACS À TIRE LARIGOT

Un film de Jean-Pierre Jeunet
 

Charge rêvée contre les marchands d'armes

Son père est mort en sautant sur une mine dans le désert marocain. Des années plus tard, Bazil a lui pris une balle qui s’est logée dans sa tête, alors qu’il assistait à une fusillade devant un magasin. Devenu SDF, il est recueilli par une bande d’originaux qui vivent dans une maison faite de bric et de broc, dénommée « tire-larigot ». Alors qu’il récupère lui aussi ce qu’il trouve, il tombe sur les bâtiments des sociétés produisant les armes qui ont fait son malheur…

Être fan de Jean Pierre Jeunet n'est pas très original, tant son univers à lui, l'est. Couleurs sépia façon vieux papier jauni, aspect bricolo et goût pour la récup ou le collage, particulièrement développé ici, l'auteur de « Delicatessen », « La cité des enfants perdus », « Un long dimanche de fiançailles » et du mondialement connu « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain » s'offre un film plus humble, comédie dramatique où le cirque du groupe cache mal la solitude des êtres. Car « Micmacs à tire-larigot » est un peu un film choral, dans lequel Jeunet prend le temps de développer chacun de ses personnages, lui donnant corps par moult détails, de l'orphelin maladroit à la sensible contorsionniste, en passant par la figure maternelle autoritaire ou l'homme-canon vantard.

Les idées saugrenues sont légions, qu'elles prennent racines dans la réalité, à l'image du déguisement en mannequin de grand magasin, ou dans les pensées désordonnées d'un héros fatigué, comme avec le match de foot avec mine antipersonnel sous la surface de jeu, histoire de pimenter la partie. Au passage, Jeunet en dit long sur les travers de notre société, individualiste, cultivant de plus en plus les rivalités, ou le sensationnalisme. Lui, cultive une idée de la France et de Paris, qui peut paraître passéiste, mais se base sur une imagination sans bornes, faite d'un imbroglio d'idées fabuleusement mises en images.

On a un peu pris l'habitude de cela. De ce mariage d'une réalité enjolivée et d'un rythme toujours soutenu. Ce qui surprend le plus, ce sont finalement les moments de magie, comme le dialogue teinté de jalousie entre ceux qu'on sait amoureux, mais qui s'ignorent, ou feignent d'ignorer leurs sentiments. Et Jeunet n'oublie pas que pour pouvoir aimer l'autre, il faut d'abord avoir régler certaines choses avec soi même. C'est ce à quoi s'emploie son anti-héros, aidé d'une joyeuse troupe, tout droit sortie d'une bande dessinée.

Chacun des interprètes est impeccable, Julie Ferrier en tête, amenant une émotion inattendue dans chacune des scènes où elle apparaît. Quant aux deux méchants, André Dussollier et Nicolas Marié, ils sont tout simplement épatants. D'autant que malgré la caricature, la dénonciation de l'hypocrisie des marchands d'armes est des plus efficace, sans pour autant développer de lourdes thèses. Car Jean Pierre Jeunet n'oublie pas une minute le plaisir du spectateur, qui pourra même s'amuser à retrouver les 5 affiches du film... incluses dans le film. Un vrai plaisir de cinéma.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Dans son nouveau film, Jean-Pierre Jeunet, réalisateur mondialement connu pour « Alien 4 » et « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain », pour ne citer que deux de ses films, nous entraine encore une fois dans son univers atypique. On y découvre une pléiade d’acteurs (Julie Ferrier, Jean-Pierre Marielle, Yolande Moreau, Omar Sy, André Dussolier, Dominique Pinon…) menée par Dany Boon dans un rôle pour lequel Jamel Debbouze était pressenti. Du casting au montage, en passant par les couleurs chaleureuses et la bande son, on retrouve bien la griffe « Jeunet ».

Le scénario se base sur trois axes (la vengeance, la dénonciation de l’industrie des marchands d’armes, la bande à Bazil) malheureusement pas assez exploités par Jeunet, qui ne fait qu’esquisser la personnalité des chiffonniers. À trop vouloir miser sur le burlesque, ce « micmac » en oublie la poésie et l’émotion ne parvient pas toujours à s’immiscer dans la comédie. Malgré la prestation des acteurs et la caméra de Jeunet, ce scénario peine à égaler ses précédents films mais reste un bon divertissement.

Comparant son cinéma à la cuisine et au bricolage, Jean-Pierre Jeunet exprime aussi ici sa volonté de jouer avec le spectateur, en dissimulant par exemple 5 affiches de « Micmacs à tire-larigot » dans certaines scènes ou en débutant son film par « the end ». Bien qu’il ne soit pas friand des films d’animation, les références aux cartoons sont très présentes : l’homme canon, « Blanche Neige et les 7 nains », qui ont chacun leur rôle. Il se plait donc à mélanger les genres : clin d’œil à d’anciens films (dont « Delicatessen »), générique anglo-saxon des années 1950, archaïque-moderne, le côté graphique des BD et le mouvement du cinéma…

Manon Demolin et Ludivine Forge

Lycée Saint-ExupéryEnvoyer un message au rédacteur

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