MEN IN BLACK 3
Black to the future
Dix après un second épisode raté, les hommes en noir reviennent aux affaires, avec toujours en tête d'affiche Will Smith, lui-même absent des écrans depuis plus de trois ans. S'il est difficile d'occulter le cynisme mercantile qui préside à la production de ce troisième opus, celui d'un studio décidé à épuiser jusqu'à la corde une franchise à succès et d'un acteur désireux de revenir plus bankable que jamais, force est de constater que retrouver les agents J et K a de quoi réjouir. D'abord parce que le film originel était un spectacle d'excellente tenue, avec son bestiaire visqueux et insolite, son humour débridé et son style cartoon assumé. Ensuite parce que ce retour après dix d'absence confère à ce nouvel opus une certaine fraîcheur qui le distingue des autres suites qui nous sont balancées invariablement année après année.
La belle idée casse-gueule de MIB III est de réinventer sa propre mythologie en substituant Josh Brolin à Tommy Lee Jones, comme si un reboot du premier film prenait vie à l'intérieur même de ce qui est pourtant bel et bien une suite. Le voyage dans le temps, exercice scénaristique ici assez jouissif, est ainsi utilisé à la façon d'un Retour vers le Futur, avec l'idée que sauter (littéralement) dans le passé, ce n'est jamais qu'emprunter l'une des multiples routes qui s'offrent à tout un chacun. Projeté en 1969, l'agent J va donc y retrouver l'agent K, incarné par un Josh Brolin qui parvient à jouer comme Tommy Lee Jones, contribuant à ce que notre suspension d'incrédulité fonctionne à plein.
Ce retour aux origines de K est l'occasion de découvrir celles de l'agent J, MIB se nimbant soudain d'une jolie épaisseur émotionnelle lorsque les deux compères sont caractérisés au-delà de leur seule fonction de « super agents ». On découvre alors de solides personnages de cinéma dont les origines sont enfin tracées, leur donnant un poids qui permettrait même de redécouvrir le premier film sous un œil nouveau.
Barry Sonnenfeld, fidèle au poste de réalisateur, n'en oublie pas pour autant ce qui fait l'essence de sa désormais trilogie : une science-fiction à l'humour bon enfant, parsemée de monstres crados-rigolos, où les décors rétro-futuristes et les inventions technologiques délirantes ont la part belle. Le cahier des charges est largement rempli, même si on s'étonne de certaines incrustations bien moches lors du dernier acte, sur le pas de tir de la fusée Apollo à Cap Canaveral. Cependant, pas de quoi bouder notre plaisir, car avec ses punchlines millimétrées, son comique de situation efficace et ses anachronismes amusants, « Men In Black 3 » demeure un divertissement fun, mené tambour battant, qui ne tourne jamais à la formule ou au systématisme (exception faite du neurolaser, running gag franchement rincé aujourd'hui). Quant à Will Smith et sa moustache, ils sont toujours en pleine forme.
Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur