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MARRIAGE STORY

Un film de Noah Baumbach

Une fine (dé)composition du couple

Nicole, actrice de Los Angeles, et Charlie, metteur en scène de théâtre, ont vécu des moments heureux. Mais aujourd’hui l’heure est à la séparation. Et celle-ci est une véritable épreuve…

Marriage story film image

Diffusion à partir du 6 décembre 2019 sur Netflix

Présenté en compétition au dernier Festival de Venise, "Marriage story" est une des productions récentes Netflix positionnée pour les prochains Oscars. Et le film vaut avant tout pour ses impressionnants interprètes et pour la justesse de son écriture. Débutant à la manière d’une comédie romantique, présentant sous forme de montage accompagné de voix-off, ce qu’il aime d’elle, puis ce qu’elle aime de lui, les détails font vite vaciller la romance, dévoilant que ceux-ci sont alors, en fait, en pleine thérapie de couple. Une manière pour Noah Baumbach ("Frances Ha", "The Meyerowitz stories"), de nous entraîner rapidement dans la décomposition en cours de leur couple. Un sujet qu’il avait d’ailleurs déjà abordé sous l’angle de la comédie douce-amère dans "Les Berkman se séparent" en 2006.

Mais ici c’est bien le drame qui est au rendez-vous, le scénario, aux excellents dialogues, signés Baumbach lui-même, s’aventurant comme rarement dans l’intimité d’un couple, montrant le retournement de points autrefois positifs, les rancœurs liées à la carrière, les petits détails qui amènent l’insupportable… avec minutie, loin de la comédie de référence en la matière ("La guerre des Rose"), l’auteur parvient à approfondir ces portraits de parents tiraillés par leur séparation en cours et entraînés par une kyrielle de personnages extérieurs dans un conflit que personne ne voulait initialement.

Laura Dern compose une avocate sans scrupule, d’un aplomb déconcertant, ajoutant de l’huile sur le feu. Mary Hollis Inboden incarne une évaluatrice traumatisée, désopilante. Julie Hagerty joue avec justesse la mère de la femme, divisée en deux, souhaitant toujours voir son gendre. Entre les deux, la question de l’enfant est bien présente, mais ne phagocyte aucunement la complexité d’une situation devenant invivable. Le sarcasme est finalement omniprésent, pointant du doigt les profiteurs, tout comme le chaud et froid vient caresser un spectateur qui finira lui aussi épuisé, à l’image de deux personnages incarné par des interprètes littéralement habités, par leurs colères comme leurs espoirs (déçus).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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