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MALAVITA

Un film de Luc Besson

Pas si mal que ça...

Giovanni Manzoni a trahi son clan il y a maintenant presque une dizaine d’années. Dans le cadre du régime de protection des témoins du FBI, celui-ci est envoyé en Normandie pour échapper à ses anciens amis mafieux qui le poursuivent depuis tant d’années. Mais ce petit séjour dans le nord de la France ne va pas être de tout repos…

Ces dernières années, Luc Besson est immédiatement associé aux films d’actions testostéronés dans l’imaginaire collectif. Et si cette image est légitime en ce qui concerne ses productions ou son activité de scénariste, du côté de ses réalisations, le constat est bien différent ; en témoigne son dernier long-métrage, éminemment politique, "The Lady", sur la célèbre opposante à la dictature birmane Aung San Suu Kyi. Pour cette nouvelle réalisation, le cinéaste a décidé de se rapprocher de cette vision du public, en proposant un film d’action sous forme de relecture du cinéma américain de genre qu’il a toujours admiré. Véritable hommage aux films de gangsters, "Les Affranchis" de Scorsese en tête, "Malavita" renoue avec le mythe mafieux par le prisme de la comédie.

Doté d’un casting trois étoiles (Michelle Pfeiffer, Robert De Niro et Tommy Lee Jones s’il vous plaît), la caméra nous plonge au cœur d’un petit village de Normande au milieu des années 90. Tout ce qu’il y a de plus paisible et anodin, me direz-vous. Et c’est vrai que ce petit village menait une existence tranquille jusqu’à ce qu’un ancien mafieux ayant balancé tout son clan se retrouve exilé dans ce hameau, afin d’échapper à tous ceux qui veulent lui faire la peau, et ils sont nombreux…Mais si ce postulat était propice à de grandes fusillades et de nombreuses courses poursuites, le cinéaste a choisi la sobriété, se focalisant plus sur l’humour que sur les grosses bastons. L’arrivée de cette famille en pleine bourgade est ainsi le moyen choisi par Besson pour traiter du choc des cultures, pour confronter notre identité culturelle française au folklore américain.

Malheureusement, le long-métrage souffre d’un humour lourdingue et d’une vision archaïque et caricaturale de nos campagnes. Ainsi, les acteurs français sont relégués à l’arrière-plan, la campagne apparaissant comme insignifiante, voire arriérée. Et c’est ainsi que la confrontation entre le cinéma de gangsters et la vie rurale française ne se fera jamais, le film multipliant les maladresses et les archétypes de part et d’autre de la frontière. Le postulat de départ laissait pourtant entrevoir un espoir, mais la mise en scène méprisante et les péripéties prévisibles enfoncent l’ensemble dans la catégorie du bon vieux nanar. Pire, les ressorts scénaristiques et les mésaventures rocambolesques des protagonistes enlèvent toute crédibilité au projet.

Toutefois, Luc Besson n’est pas un débutant, et par moments, de manière quasi-magique, il parvient à nous ressortir de notre sommeil, à éveiller notre curiosité, et même à réveiller nos zygomatiques. Bien aidé par un casting qui remplit parfaitement son contrat, notamment Dianna Agron et John D'Leo qui tiennent la dragée haute aux anciens, "Malavita" finit par surprendre, en particulier lors des scènes finales, ou lors de ces instants où les membres de la famille cèdent à leurs pulsions. D’une parodie grossière et gênante, on file progressivement vers une comédie sympathique et plaisante, certes faiblement ingénieuse et moyennement drôle, mais divertissante quand même. Et franchement, au vu des premières minutes, on s’en contentera largement !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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