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L'EXORCISTE : DEVOTION

Un film de David Gordon Green

Sans sauce, sans épices et avec trop de vinaigre

Après avoir perdu sa femme dans un terrible séisme à Haïti, Joshua élève seul sa fille Angela avec qui il entretient une relation fusionnelle. Un soir Angela et sa copine d’école, Katherine, se lancent le défi d’invoquer les esprits en allant dans la forêt environnante. L’inquiétude des familles respectives est grandissante et c’est toute la communauté qui se voit touchée par cette étrange disparition. Après 3 jours d’absence, les deux jeunes filles reviennent transformées. Joshua et ses proches vont alors tout mettre en œuvre pour tenter de les libérer du mal qui les habite depuis leur retour…

L'Exorciste : Devotion film movie

Cette fois c'est la bonne on vous l'assure, cette critique sera rapide. Parce que finalement, hormis le chef d’œuvre de William Friedkin de 1973 et quelques réussites par-ci par-là au fil des années (on pense à "L'exorcisme d'Emily Rose" ou "Le dernier exorcisme"), ce sous-genre de l'horreur a son lot de navets où les bondieuseries ont bon dos avec toujours les mêmes codes depuis… l’œuvre de Friedkin. Autant dire qu'en 50 ans, le genre n'a pas bougé d'un iota bien au contraire et il semble même s'enfermer dans son imagerie au point de devenir aujourd'hui insignifiant. L'aura si unique du film de 1973 aurait été démystifié à outrance à tel point que désormais les spectateurs sont vaccinés contre le diable.

David Gordon Green, réalisateur tout d'abord de comédies ("All the Real Girls", "Votre majesté", "Prince of Texas"), s'était déjà attelé à l'exercice en reprenant le flambeau d'une saga culte avec "Halloween", dont il tira 3 nouveaux opus. L'auteur de ces lignes ne les ayant pas vu, il ne fera pas de comparaison et nous allons seulement nous focaliser sur ce métrage, début d'une nouvelle trilogie annoncée qui fait office de suite « directe » du film original. On pourra alors noter l'envie dans son introduction de nous dépayser : on passe du moyen-orient de Friedkin, silencieux et étrange, à Haïti. Saluons également la prestation de ce père très pragmatique, avec Leslie Odom Jr dans le rôle, qui de par son magnétisme naturel arrive à nous faire gober à peu près tout.

Arrêtons nous là pour les points positifs, car malheureusement le film est loin de tenir la comparaison avec son aîné, pire même avec les quelques films récents du même genre ("L'exorciste du Vatican" avec Russel Crow avait eu le mérite d'aller à fond dans le grand guignol). Ici on se demande où est la peur, même si le metteur en scène essaye de répliquer la formule du maître : des plans qui s'étirent, un montage cut et une montée en puissance des évènements. Le souci c'est qu'il n'en a pas saisi l'essence. Chez Friedkin, le mal s’immisçait petit à petit en contaminant le réel et en installant une ambiance à la frontière du fantastique et de l'étrange. Ce « nouveau » volet fait le stricte minimum en termes de mise en scène, digne d'un téléfilm M6 de Noël (c'est pour dire) et ne provoque ni l'effroi ni le malaise.

Même si la mise en place efficace nous promet de belles choses, toutes les idées se verront jetées à la poubelle petit à petit. Pas un sentiment de tension ou d'émotion quelconque qui nous sortirait de l'ennui. Ce n'est pas ce pauvre climax tant attendu qui relèvera la barre. Entre combat de fumée numérique (oui, oui) et montage épileptique pour insuffler un semblant de quelque chose, le film ne nous donne même pas ce qu'on est venu voir. Un comble pour un film estampillé « saga de l'exorciste ». C'est bien simple, on se demande ce qu'avait Universal en tête en débourser 400 millions de dollars pour les droits de la franchise. Si c'était pour vider tout ce qui faisait le sel de celle-ci, ils auraient pu s'abstenir.

Ainsi la complexité du point de vue sur la foi s'est fait la malle pour être remplacée par un discours qui sent bon la conversion chrétienne (pauvre Joshua et son épiphanie absurde dans les 15 dernières minutes). On a déjà beaucoup trop écrit au sujet de ce « produit » calibré pour un public qui n'a que faire de cette chose qui ressemble à tant d'autres et qui a étonnamment coûté plus cher que la plupart. Ne parlons pas des guests stars que le film nous ramène juste pour faire du coude aux fans de la première heure, ça serait donné trop d'importance à une démarche si outrancière et stupide. À partir du moment où pour combattre un démon on lui jette du vinaigre plutôt que d'essayer de connaître son nom, c'est qu'il y a une vraie mauvaise interprétation de comment s'accaparer ce sous-genre qui finalement aurait dû tirer sa révérence il y a fort longtemps.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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