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INTERSTELLAR

Un film de Christopher Nolan

Des étoiles plein les yeux

Une faille découverte dans l’espace ouvre la possibilité à une équipe d’explorateurs de partir découvrir des contrées éloignées encore jamais atteintes par l’homme. Le film raconte leur traversée…

De l’aveu même de Christopher Nolan, encore plus que ses précédentes réalisations, « Interstellar » est un film qui se vit et qui se ressent plus qu’il ne s’explique. Par respect, nous essaierons ainsi de conserver au maximum le mystère dans les lignes qui vont suivre, pour que l’expérience du spectateur soit totale. Car dans ce film d’une ambition folle et d’une beauté plastique époustouflante, le réalisateur multiplie les pistes et les niveaux de lecture, mariant le passé et le présent, la petite et la grande Histoire, le mythe américain et les problématiques environnementales actuelles. Des recoins de l’espace aux sols poussiéreux d’une Amérique qui se meurt, le cinéaste nous balade dans une ambiance rétro-futuriste élégante où la froideur et la rigueur de Stanley Kubrick croisent l’émotion et le sens des récits familiaux spielbergiens.

Dans le Midwest, un fermier, ancien astronaute, passe son temps les yeux rivés vers le ciel, une bière à la main, ses rêves en ligne de mire, ses regrets nostalgiques ancrés dans son esprit. Mais bientôt, le cow-boy sera appelé à rejouer les explorateurs, à partir à la conquête de l’univers dans la peau d’un néo-colonisateur. Et le film de s’ancrer dans la tradition nolanienne. Comme « Inception », l’ambition architecturale et le genre cinématographique sont mis au profit d’un mélodrame caché, l’amour en guise de moteur pour les protagonistes. Mais jamais, le metteur en scène n’avait atteint une telle puissance émotionnelle, une véritable marrée de sentiments qui recouvre les spectateurs pour les prendre aux tripes. L’immensité de l’univers embrase l’intime des personnages, le jeu sur les échelles bouleverse, la fable SF est devenue un conte humaniste céleste terriblement inventif et harmonieux.

Visuellement incroyable et porté par une partition sublime signée Hans Zimmer, le film impressionne par la fluidité avec laquelle il expose une intrigue profondément complexe, ceci sur près de trois heures intenses qui filent en un instant mais qui hantent les esprits durablement. Par un sens aiguisé du montage, Christopher Nolan magnifie son récit, superpose les enjeux pour mieux déconstruire les repères du spectateur, offrant une plongée vertigineuse au fin fond de l’espace et de l’âme humaine. Mais le métrage n’aurait pas été aussi admirable sans l’aura et le charisme viril de Matthew McConaughey, le comédien impressionnant une énième fois et confirmant définitivement pour ceux qui auraient encore des doutes qu’il est un acteur hors-du-commun.

Si comme toujours dans les projets de Nolan, la prévisibilité rapide du dénouement pourra en rebuter plus d’un, ce voyage interstellaire stupéfiant est si radical qu’il serait bien dommage de ne pas embarquer dans la navette spatiale. Parce que si des références peuvent être constatées, notamment à « 2001, l’Odyssée de l’espace », les raccourcis sont presque fallacieux tant Christopher Nolan s’empare de son sujet pour le rendre si singulier. L’hommage se transforme en clin d’œil, les scénaristes ayant par exemple imaginé des robots en forme de monolithe, objet légendaire du film de Kubrick, mais « Interstellar » demeure une tragédie familiale encore jamais vue, au-delà des lois de la gravité. « Vers l’infini et au-delà ! ».

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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