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EFFETS SECONDAIRES

Un film de Steven Soderbergh

Une palpitante histoire de prescription

Émilie est retrouvée un couteau à la main, prostrée dans un coin de son appartement, son mari gisant sur le sol. Quelques temps plus tôt, souffrant de dépression, elle avait consulté le Docteur John Banks, psychiatre, qui l'avait convaincue de faire partie du programme d'essai d'un nouveau médicament...

Présenté en compétition au dernier Festival de Berlin, le nouveau Steven Soderbergh succédait au trépidant "Piégée" ("Haywire"), sorte de Jason Bourne au féminin ayant connu un échec cuisant au Box-Office. Sur un scénario signé Scott Z. Burns, également scénariste de "La Vengeance dans la peau", ou de deux autres films de Soderbergh, "The Informant!" et "Contagion", le réalisateur américain nous concocte un thriller efficace impliquant milieu médical et firmes pharmaceutiques.

D'un côté le parallèle habile entre le destin de la jeune meurtrière quatre ans plus tôt, lorsqu'elle a tout perdu, et le destin du psychiatre, pris dans une tempête médiatique qui vous broie progressivement, font penser à une potentielle vengeance personnelle. De l'autre, la pression exercée par les laboratoires, et les enjeux financiers considérables, démultiplient la tension, lui faisant courir des risques personnels. Entre les deux, le spectateur est entraîné avec le personnage de Jude Law, aussi combatif qu'apparemment intéressé.

Mais le scénario s’avérera plein de surprises, jouant de la paranoïa du personnage principal, dont le caractère envahissant risque de lui coûter ce qu'il a de plus cher. Pur fruit de son imagination fertile ou manipulation à divers niveaux, la mise en scène sème le doute, portrayant un homme intégré dans un système où chacun joue aux apprentis sorciers. Car comme le dit l'un des personnages, si l'on peut voir l'infarctus arriver, qui peut voir les mensonges ?

Thriller stylé, aux images léchées, "Effets secondaires" va donc nous mener dans les méandres des jeux de pouvoir et d'argent, tout en disséquant les conséquences d'une prise de calmants – ou ses effets secondaires – sur chacun des personnages, le patient comme le prescripteur. Interprétée par une Rooney Mara ("Millenium") troublante de fragilité, celle-ci fait face à l'assurance d'un homme installé, Jude Law, exaspéré, dans son refus d'accepter sa responsabilité, la prescription étant, après tout, « expérimentale ». À ce duo qui s'épie, se mêle une consœur sceptique et ombrageuse, à laquelle Catherine Zeta-Jones apporte froideur et crédibilité.

Si certes, on ne peut s'empêcher un instant de voir une incohérence de taille (difficile de croire que le psychiatre puisse être toujours en charge d'Emilie, alors qu'il plane des doutes sur sa propre responsabilité médicale), on se laisser tout de même happer par un suspense haletant, et l'efficacité des atmosphères mises en place par un Soderbergh qui sait faire monter la pression sur ses personnages. "Effets secondaires" devrait logiquement se retrouver rapidement aux sommets du Box-Office, prouvant que les structures narratives du type "Le Fugitif" sont toujours aussi efficaces, surtout quand à une réaction en chaîne fait face la capacité des uns à manipuler les autres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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