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YES DAY

Un film de Miguel Arteta

Une comédie familiale anti prise de tête !

Toujours enthousiaste et toujours ouverte aux découvertes et aux rencontres, Allison avait tendance à dire « oui » à tout, et Carlos était le conjoint idéal car ils avaient le même état d’esprit. Mais les années ont passés, ils ont eu trois enfants, dont la plus grande est désormais ado, et Allison prononce plus souvent le mot « non » que son contraire…

Sortie le 12 mars 2021 sur Netflix

L’idée de départ est plutôt sympa : des parents acceptent de planifier un « Yes Day », c’est-à-dire un jour où ils doivent dire « oui » à toutes les demandes des enfants – avec tout de même quelques règles de base pour encadrer le concept, parce qu’il ne faut pas abuser quand même, dont l’interdiction de demander quelque chose d’illégal ou de réclamer quelque chose pour le futur. Cette idée est d’autant plus intéressante qu’elle trouve son origine dans des défis que tous les parents connaissent : d’une part comment équilibrer la parole des deux parents (sans que l’un-e soit considéré-e comme plus cool que l’autre) et d’autre part comment faire comprendre aux enfants qu’il faut accepter des refus. L’introduction est à la fois fun et inspirante, et on s’attache assez vite à cette famille dont Jennifer Garner (également productrice) et Édgar Ramírez incarnent les parents – c’est également agréable de découvrir ce dernier à mille lieux des films d’action dans lesquels on a plus l’habitude de le voir (de "Domino" à "The Last Days of American Crime" en passant par "Point Break" ou "Cuban Network").

Après un gros quart d’heure très enthousiasmant, concédons que le film s'enlise rapidement dans une irrégularité qui ne le quittera plus vraiment, alternant séquences tonifiantes et scènes lourdingues, originalités et maladresses, humour décalé et gags de bas étage (par exemple le père qui se fait mal aux testicules en tombant à califourchon sur une branche). On pourra regretter aussi l’exploitation bancale des personnages secondaires décalés incarnés par Nat Faxon, Fortune Feimster et Leonardo Nam, aussi drôles que mal introduits. On ne peut pas dire non plus que "Yes Day" brille par ses idées de réalisation, semblant n’avoir qu’un seul objectif : mettre en œuvre un délirant bazar, un peu à la manière de précédents plus adultes que sont les surestimés "Projet X" ou "Babysitting" – notons également cette même tendance à proposer une temporalité à rallonge qui est tout aussi peu crédible que certaines exagérations mises en scène. Heureusement ça reste plus gentillet (donc moins débile) et surtout plus bienveillant car "Yes Day" ne cache pas sa volonté de mettre en avant de bons sentiments, au risque de déverser des torrents de miel qui pourront agacer un certain public.

Malgré tout, il se dégage une certaine fraîcheur qui peut s’avérer agréable voire provoquer un sourire quasi permanent. Et sous ses dehors de comédie familiale sans prétention, ce film se montre bien plus profond qu’on ne peut le penser dans sa manière d'interroger la parentalité mais aussi et surtout la valeur du « oui » et celle du « non », notamment dans les dialogues de la première demi-heure. Le « oui » peut être tout à la fois un signe d'ouverture d'esprit et celui d'une certaine lâcheté. De même, le « non » peut être une marque d'autorité (voire d'autoritarisme) mais aussi une affirmation plus constructive de son rapport aux autres à travers l'explicitation claire de limites indispensables au respect mutuel – la notion de consentement est même suggérée lorsque l'ado refuse de suivre son amie rejoindre des garçons sous une tente. "Yes Day" n’a évidemment pas de prétention intellectuelle car il s’agit avant tout d’un divertissement familial, mais cela dit quand même beaucoup de choses sur des sujets divers : les limites à donner, la gestion des frustrations, la persistance d’une facette enfantine chez les adultes, les bénéfices du défoulement et du lâcher-prise, ou encore la nécessité de s’accorder entre parents pour donner des repères stables et non confus pour les enfants. Alors ne gâchons pas notre plaisir et goûtons à ce joyeux défouloir pas si benêt !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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