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VICKY CRISTINA BARCELONA

Un film de Woody Allen

Une bonne surprise

Deux jeunes américaines sont en voyage à Barcelone. La brune Vicky (Rebecca Hall), studieuse et raisonnée, s’apprête à se marier. La blonde Cristina (Scarlett Johansson), sensible et impulsive, rêve de nouvelles expériences sexuelles et passionnelles. Leur séjour bascule le jour où elles rencontrent Antonio (Javier Bardem), un peintre séduisant à la sensualité provocante, qui les emmène à Oviedo pour les séduire l’une après l’autre. Un week-end qui donne lieu à un cocktail de sentiments en tout genre, pimenté par le retour fracassant de l’ex-femme impétueuse d’Antonio (Penelope Cruz)…

Pour ce quatrième film se déroulant non pas à New York mais en Europe, Woody Allen s'intéresse à une ville où l'on ne l'attendait pas. On l'imagine en effet davantage s'intéresser aux contrées suédoises, polonaises ou françaises. Pourtant, non seulement il réussit à capturer la beauté des lieux sans fausse note, mais de plus il parvient à y coller son style légendaire. « Vicky Cristina Barcelona » est donc un pari réussi, à la fois fidèle au maître et porteur de nouveautés.

Les scènes s'enchaînent avec verve, apportant à chaque situation une dimension comique qui ne tombe jamais dans le lourd. Woody Allen sait comme personne filmer les conversations, toujours pétillantes et enlevées, même lorsqu'elles semblent ne mener nulle part. La scène où Antonio s'approche de la table des deux amies pour les inviter à partir en escapade est en cela un parfait exemple : on rit de bon coeur face à l'incongruité de la situation, la finesse des dialogues et la crédibilité de l'interprétation. Après plus de trente films, les réserves de Woody Allen semblent inépuisables !

La distribution mérite quant à elle le détour. Après « Match Point » et « Scoop », Scarlett Johansson confirme son statut d'actrice allénienne. Les différentes facettes de sa personnalité sont canalisées et utilisées avec beaucoup d'efficacité, allant de la sensualité au burlesque. Rebecca Hall, trop rarement aperçue sur les écrans, se débrouille très bien en composant un personnage à la fois droit et fragile. Quant à Javier Bardem, dont le potentiel drôle et décalé constitue une révélation, il est le pivot idéal entre les différents personnages féminins. Mais ce qui rend par-dessus tout le casting explosif et entraînant, c'est son capital sensualité.

Ces personnages d'un autre genre, ce nouveau décor, cette lumière du Sud (magnifique photographie) apportent un vent neuf, loin d'être désagréable. Avec « Vicky Cristina Barcelona », Woody Allen semble s'offrir une cure de jouvence, un nouvel élan qui poursuit le virage déjà amorcé par « Match Point ». Il délaisse ainsi (pour un temps ?) ses thèmes de prédilection (religion, mort, philosophie, judaïté...) pour faire place à un sujet plus universel, qui déjà occupait le centre de son oeuvre, à savoir l'amour. Avec humour et sagesse, ce film propose une méditation sur le romantisme et le désir. Un voyage sans prétention à travers les mystères de l'attraction.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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