Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

UN VISA POUR LA LIBERTÉ : MR. GAY SYRIA

Un film de Ayşe Toprak

Un visa pour exister

Hussein, 23 ans, est un Syrien réfugié en Turquie. A Istanbul, il est approché, comme d’autres homosexuels, par un journaliste ayant immigré en Allemagne, lui proposant de participer à l’élection de Mr. Gay Syria, afin de représenter la Syrie et d’ouvrir les yeux du monde à la situation de la communauté LGBT en Syrie, lors de l’élection de Mr. Gay World, qui aura lieu à Malte. Mais pour cela, il doit obtenir un statut de réfugié et surtout un visa…

Un visa pour la liberté : Mr. Gay Syria film documentaire documentary movie

Plusieurs longs métrages avaient ces dernières années tenté d'approcher le drame syrien, et le destin d'homosexuels condamnés à l'exil, ceci avec plus ("Luciernagas" ou l’excellent "Flee", à découvrir en salles fin août prochain) ou moins ("Entre les roseaux") de réussite. Mais au final rien ne vaut sans doute un documentaire pour approcher les enjeux de survie d’individus menacés, par un régime, mais aussi jusqu’au sein de leur propre famille. "Un visa pour la liberté" réussit, au-delà de la description d’une mouvance, prête à défier jusqu’à la police turque pour montrer l’existence des personnes LGBT et réclamer leurs droits, à faire le portrait, touchant, d’Hossein, jeune homme forcé à jouer les hétéro (il a une femme et une petite fille, Salam), qui entrevoit dans cette compétition, un espoir de vie meilleure.

Débutant à la frontière entre Turquie et Syrie, alors qu’il attend des nouvelles de quelqu’un, c’est finalement une toute autre conclusion, lors du bouclage sur cette même scène, qui s’offrira à nous, quelque part entre tragédie et espoirs. Car l’on s’interroge forcément sur ses propres paroles : « c’est toujours mieux que la prison, ou de se soumettre ». A travers de ce récit aux élans initiaux de liberté, mais qui se heurtera aux pouvoirs en place et à la bureaucratie, on suit le destin de plusieurs hommes, d’un journaliste militant déjà « sauvé » puisque installé en Allemagne, à un couple séparé, l’un partant pour la Norvège, l’autre restant dans l’incertitude en Turquie, jusqu’à Hussein, bloqué dans son élan.

Les témoignages sont essentiels tout comme la lutte pour changer l’ image des personnes LGBT dans les pays arabes, et la mise en scène parvient à bouleverser dans quelques scènes d’une simplicité déconcertante/ Il en va ainsi d’un anniversaire fêté entre deux amoureux par skype (la musique couvrant judicieusement les dialogues intimes et le surplus d’émotion...), d’une balade d’Hussein avec sa petite fille dans les bras durant laquelle il s’interroge sur sa relation future avec elle et son acceptation ou non de son homosexualité, ou encore d’une indiscrétion du journaliste qui écoute au téléphone ce qui se passe entre Hussein et sa famille, son père ayant juré de l’empoisonner. Installant une certaine tension, Ayşe Toprak montre à la fois le danger et la détermination de personnes décidées à vivre, et prêtes à tout quitter pour cela.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire