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UN PETIT JEU SANS CONSÉQUENCE

Un film de Bernard Rapp

Cruel jeu de la vérité et de la séduction

Claire (Sandrine Kiberlain) a volontairement lâché au cousin de son conjoint Bruno (Yvan Attal), que leur couple battait de l’aile et qu’ils allaient se séparer. La nouvelle va vite faire le tour des invités de la fête qu’a organisé la mère de Bruno, dans leur maison de campagne qu’ils s’apprêtent à vendre, et que les déménageurs investissent simultanément. Chacun y va de son petit commentaire…

Bernard Rapp (Une affaire de goût, Pas si grave) aime ces petites histoires où des personnages pas si simple qu’en apparence, se dévoilent, ou intriguent, pour parvenir à leur vérité, à leur fin. En adaptant une pièce à succès dont il a su tirer le meilleur grâce à un choix de lieu lumineux, et un casting judicieux, il crée un film choral, plaisant, légèrement cruel et surtout très mordant. De ce mensonge de départ, les deux tourtereaux vont perdre peu à peu le contrôle, piqués par la curiosité bien humaine de savoir ce que les autres pensent de vous, de votre conjoint ou de votre couple.

Les langues se délient donc, servies par des dialogues incisifs et vifs, auxquels s’ajoutent de ponctuels quiproquos bien sentis. Et avec le doute naît une autre intrigue, autour des tentatives de séduction de deux rapaces. Coïncidence, les deux interprètes sont tous deux des robins de bois. Alors que Marina Foïs attend son tour et fomente quelque complot, Jean Paul Rouve, excellent à contre emploi, joue d’un charme empoisonné, et sème la discorde et le trouble. Personnage assez ignoble, il s’amuse à infliger aux deux plus limités de la bande, vérités humiliantes et fausses informations pour gros crédules (saviez vous que le cercle polaire est délimité par des plots ?).

Le ton est donc à la fois léger, spirituel et venimeux. Mais le fond reste triste quant aux rapports humains, à l’espoir qu’on peut avoir en terme de fidélité réciproque ou de franchise permanente. Il n’y a peut être que la vérité qui fâche, mais si elle n’est pas bonne à dire, elle donne ici lieu à de belles répliques, souvent drôles. Ajoutons que ce Petit jeu sans conséquence distille également une certaine nostalgie, autour de ce groupe d’amis, et de cette maison qui fait leurs souvenirs communs. Le choix des morceaux musicaux accompagne ce sentiment doucereux, avec du Petula Clark et le fameux morceau de La séquence du spectateur, sur lequel les états d’âmes de trois membres du groupe diffèrent, chacun osant enfin se regarder en face, dans ses objectifs ou ses remises en cause. Une comédie qui met du baume au cœur malgré tout, en cette période d’hiver, et qui livre au passage quelques vérités.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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