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SILVER HAZE

Un film de Sacha Polak

Un drame social prometteur

Franky, infirmière à l’hôpital, vit dans une tente dans le petit jardin derrière la maison de sa sœur, en attendant mieux. Elle fréquente un homme, Flynn, dont elle n’est pas amoureuse, et qui parfois vient passer la nuit avec elle. Mais Franky ne se trouve pas belle, elle qui est partiellement brûlée au cou et au torse, et voudrait trouver un mec « normal »…

Silver Haze film movie

"Silver Haze", prix du jury des Teddy Awards au Festival de Berlin, est le cinquième film de Sacha Polak ("Dirty God"), aux qualités de mise en scène indéniables. Sur fond de traumatisme annoncé dès l’une des premières scènes (où Franky, parmi un groupe de gens, se rend près d’un grillage sur lequel est disposé un bouquet de fleurs en hommage à quelqu’un de décédé il y’a 15 ans) et de délitement d’une famille mal digéré (le père n’est plus dans le tableau, mais la sœur de Franky, Leah, pense avoir retrouvé sa trace), le scénario installe une ambiance à la fois pesante et empreinte d’élans de liberté. Une liberté notamment amoureuse, qui ne passera pas auprès de certains.

Préférant garder certaines tensions hors champs (l’affrontement avec le beau frère dans la rue se fait finalement hors cadre), "Silver Haze" tisse des tentatives de relations stables entre des personnages marquées par l’abandon (leur père pour Leah, Franky et leur mère dépressive, sa mère pour Flo). Quant à la mise en scène, elle joue le contraste entre des moments de douceur souvent accompagnés de guitare (une soirée pailletée avec des ralentis signifiant l’apaisement, une virée en fête foraine aux couleurs chaudes et rassurantes, une promenade au crépuscule dans un marais...), et les moments plus tendus d’une rude réalité où s’exprime le refus de la différence, l’envie de se venger (du père comme du beau frère et ses potes), voire la peur d’une nouvelle perte. Des scènes dans lesquelles un certain tact cohabite avec le jeu enragé des trois actrices principales et le besoin d’extérioriser une souffrance trop longtemps rentrée. Un film qui au final s’avérera une belle invitation à la réconciliation, avec soi-même, son passé, voire avec d'autres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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