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MATT AND MARA

Un film de Kazik Radwanski

La tentation de recommencer

Mara, prof de littérature et de poésie, voit débarquer dans son cours, Matt, une vieille connaissance. Peu à peu ils recommencent à faire connaissance, alors que Matt est là pour se rapprocher de son père malade…

Qui n’a jamais vu resurgir de son passé, quelqu’un qui a compté pour lui, avec lequel il ne s’est pas forcément passé quelque chose, mais avec qui il aurait pu ? Le film canadien "Matt and Mara", signé Kazik Radwanski, dont c'est le quatrième long, et présenté dans la section Encounters du Festival de Berlin, tente d’aborder ce sujet, en scrutant de près le rapprochement d’une professeure et d'un ancien camarade de classe devenu écrivain, au moment où la distance avec son mari se fait de plus en plus grande. Comme prise en étau, Mara, interprété avec tact par Deragh Campbell, ("Possessor", "Mobile Homes"), va ainsi être soumise à un quotidien ennuyeux dans sa famille et au charme de cet homme (Matt Johnson, vu l'an dernier dans "Blackberry") auquel est attaché un passé qu’on ne verra jamais, le film étant entièrement construit sur de petits moments du présent, malgré l’image en noir et blanc renvoyant à cette résurgence.

Jouant la carte du réalisme, "Matt and Mara" sent les situations vécues, positionnant ses discussions dans des milieux souvent hostiles, entre un cafetier qui monte la musique à fond pour les faire partir, ou un collègue, critique, avec lequel elle déjeune régulièrement. La mise en scène s'avère particulièrement intéressante dans la manière de suggérer initialement la distance avec le mari, par de simples détails, finalement signifiants : lui qui joue à la guitare avec leur enfant, elle qui ne répond pas quand il pose une question, ou qui continue leur jogging seule, le laissant loin derrière elle. Un symbolisme léger, qui va jusqu’à entourer aussi le livre écrit autrefois par Matt, qualifié de « typique d’une époque où les hommes se sentaient coupables d’avoir blessé quelqu’un », et dont le sort dans la dernière scène scelle l’avenir de leur relation.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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