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LE GRAND JEU

Un film de Aaron Sorkin

Tapis ! pour Jessica Chastain

Molly Bloom s’apprête à s’élancer sur la piste d’une descente de ski acrobatique lors des Jeux olympiques d’hiver. Son père et entraîneur, en bas des pistes, attend impatiemment mais nerveusement. Malheureusement, la jeune femme chute et se casse le dos, voyant sa carrière anéantie. Elle part alors à Los Angeles et rencontre Dean Keith qui l’embauche comme assistante, puis lui ouvre les portes des jeux clandestins de poker…

Aaron Sorkin n’a que la cinquantaine passée, mais il est connu (et reconnu) comme le loup blanc à Hollywood ! Auteur de scénarios à succès ("Des hommes d’honneur", "The Social Network", "Steve Jobs"…), Sorkin signe ici un énième script taillé sur mesure pour cibler les vices de la société américaine, les jeux de pouvoir, la manipulation à tous les niveaux et pour mettre – c’est une première – une femme en vedette, ici à la tête d’une gigantesque affaire de sous provenant de parties de poker enflammées où les stars du petit et du grand écran se retrouvent. Le destin de cette femme impressionne ! Il avait d’ailleurs tout pour finir adapté au cinéma. Molly Bloom a débuté sur les pistes de ski sans grand triomphalisme mais a continué à se construire une carrière et une vie loin de ses origines et de son père autoritaire. Après avoir été serveuse, elle se retrouve, par le plus grand des hasards, mêlée à la face sombre des parties cachées de cartes où les droits d’entrées s’élèvent à 50 000 $ puis à 250 000 $, et où les joueurs les plus populaires (stars de ciné ou du showbiz) comme les plus dangereux (mafia russe) prennent place autour de la table !

Le scénario est construit en forme de puzzle alternant des pièces contemporaines, où Molly Bloom est sous le coup d’un jugement épaulée par un avocat qui n’en veut pas comme cliente, avec des flash-back sur son ascension et sa chute dans le milieu du poker clandestin. Le scénario, excessivement bavard, arrive a être malin et à tenir en haleine de bout de bout. Pourtant les 2h20 du film ne sont pas savamment employées, on en aurait bien retiré un bon quart d’heure. Malgré cela, on ne s’ennuie pas et on suit ce destin hors du commun, depuis une scène de ski magnifiquement réalisée à une dernière scène de tribunal qui réserve son lot de surprises. Il y a du Fincher dans la manière dont Sorkin construit et façonne son "Grand Jeu" : du Fincher des débuts comme dans la première scène et du Fincher d’aujourd’hui comme dans les scènes contemporaines.

Au niveau du casting, le pari est réussi : Jessica Chastain mène son monde avec une classe et un aplomb incroyables. Elle se hisse au niveau des plus beaux rôles de femmes fortes du cinéma américain, comme l’est notamment Erin Brokovitch jouée par Julia Roberts, dans un autre registre. Ici, on succombe instantanément à l’intelligence et au bagou de cette femme surdouée qui cherche avant tout à épater son père et à lui prouver qu’elle peut elle aussi réussir dans la vie et surtout en se passant bien de ses conseils ! La figure du père revient au comédien Kevin Costner, tout en nuances entre sa fibre psychologique et son amour excessif pour ses enfants. Idris Elba complète un casting hors pair, dans le rôle de l’avocat qui aide Bloom sans s’engager frontalement dans sa défense. Il est un contrepoint intéressant à la réflexion menée par la jeune femme sur sa vie passée et à venir. Pour sa première réalisation, Aaron Sorkin a vraiment sorti le grand jeu ! Une reine, un roi et un valet dans une suite royale, ça ne se refuse pas !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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