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THE EARTH IS BLUE AS AN ORANGE

Un film de Iryna Tsilyk

A la recherche du quotidien

Dans le Donbass, une mère de famille, aidée de ses enfants, décide de mettre en scène leur quotidien. La réalisatrice suit alors l’envers du décor de ce premier film familial, profondément intime…

La Terre est bleue comme une orange film documentaire documentary movie

Récompensé du prix de la meilleure réalisation documentaire à Sundance et en compétition pour le prix Generation 14plus à Berlin en 2020, "La Terre est bleue comme une orange" a reçu une mention spéciale au festival Premiers Plans d’Angers 2021 et à été présenté en ce début d’année par le Black Movie de Genève dans la section "Silence, on tourne !". Cette section est consacrée au cinéma qui s'interroge sur sa propre forme et qui pousse le médium vers de nouvelles limites. Il n'est donc pas surprenant qu'un documentaire qui met en scène toutes les étapes de la création d'un film familial, de sa préparation à sa diffusion, et qui suit les personnages hors des moments de tournage, soit présenté ici.

Les personnages de ce film, qui sont-ils ? Il s’agit d’une famille sans figure paternelle. L'ombre des hommes ne pèse pourtant pas sur la narration et ce n'est pas par leur absence que la guerre entre dans le quotidien. En effet, si elle est présente, partout, sous-jacente, c'est par le bruit des bombes entendues en pleine nuit et dont on peut voir les éclats au-dessus du toit des maisons, qu'elle se fait sentir. La guerre, c'est aussi le rationnement et la mère qui va chercher des sacs de nourriture quand ses enfants ne sont pas là. C'est aussi la reconstitution de la descente dans le sous-sol où sont entassés les bocaux artisanaux et les conserves, image qui fait étrangement penser à la fiction "La route" et à des temps de fin du monde.

Outre ces éléments du réel directement captés sur le vif, la guerre se fait aussi sentir dans des portraits ayant pour fond un drap noir. Les personnes parlent presque face caméra, fortement éclairées de côté pour augmenter les ombres sur leur visage et les rendre plus dramatiques. Ces portraits sont tantôt filmés de côté par la réalisatrice, dans leur confection, et tantôt comme des témoignages brûlants que capte la famille pour leur propre film. Des portraits où mère et filles apparaissent tour à tour, augmentant ainsi la mise en abîme que constitue déjà le documentaire.

Bien fait, mais sans réel propos autre que de rendre compte de ce qui se passe et désireux de montrer qu'une jeune génération est là pour prendre en charge le récit d'une guerre qui ne dit pas son nom, ce film peine à décoller et à toucher à une forme d'universelle de l'art qui viendrait se mettre en face de la guerre pour la regarder et lui donner sens. Entre exercice de style et témoignage réel, ce film ne choisit pas, comme il ne choisit pas de raconter l'histoire d'un protagoniste et se dilue dans une diversité de réalités. Une histoire peut-être un peu trop complexe pour un seul film ?

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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