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KNIGHT OF CUPS

Un film de Terrence Malick

Quand Terrence Malick tourne désespérément en rond

Un auteur de comédies pour Hollywood, vivant à San Monica, cherche sa voie et, au travers de ses rencontres, la femme idéale. Il rêve également d'avoir un fils...

Terrence Malick n'en finit plus de tourner en rond et de nous servir ses réflexions éclairées ou prétentieuses sur l'existence avec un maniérisme de mise en scène qui achèvera ceux qui voulaient encore croire à son génie. Il faut dire que l'auteur réalise ici un film très proche de son précédent, "À la merveille", suivant à nouveau un homme dans sa quête de la femme idéale (qu'il appelle trompeusement « la perle ») et dans son rêve de paternité. Christian Bale remplace donc Ben Affleck et, lui aussi va croiser trois femmes, chacune représentant une certaine forme d'idéal, doublé à chaque fois d'une insatisfaction.

Certes, le style de l'auteur est maintenant affirmé. Sa caméra est flottante et légère. Il capte des bribes de vie à la manière d'instants saisis au vol, ce qui donne une sensation de vertige traduisant parfois l'ivresse de sentiments exacerbés. Ici le chapitrage du film (« La lune », « Le pendu », « L’ermite », « La tour », « Les grandes prêtresses », « La mort ») permet à chaque fois d'évoquer une période de la vie de cet homme, au travers des personnes qu'il côtoie et de ce qu'elles peuvent lui apporter (le plaisir physique, la paix, le fantasme, l'enfant...).

Malheureusement après le sorte de prêche qui fait office d'ouverture, la présence d'un prêtre parmi les personnages, la représentation de la vacuité de la beauté ou du mirage de la débauche, les penchants religieux de l'auteur s'affirment de plus en plus, l'enfant devenant ici aussi l'objectif noble de la vie. Ceci ne serait pas si grave, si le monde qu'évoque Terrence Malick existait ailleurs que dans sa tête. Chez lui, les femmes ont toutes des physiques de top model. Elles virevoltent sans cesse, incarnant la grâce, dansant dans la rue ou mieux... sur une plage.

Et le fait d'avoir mêlé Hollywood, ses fêtes, ses mirages, son argent démesuré, à ce récit d'une quête intime, n'apporte au final que peu de relief à un scénario déjà vu. Malgré tout, soulignons que les plans sont une fois de plus de toute beauté, tout comme le boléro qui sert de musique. Mais le fait que le tourbillon de la vie représenté ici, s'accompagne d'un prêchi-prêcha plus proche de discussions de comptoir que d'une quelconque approche philosophique s'avère à nouveau regrettable. Une œuvre laborieuse donc mais aux qualités esthétiques indéniables.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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