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KILLERS OF THE FLOWER MOON

Un film de Martin Scorsese

Au cœur de la bassesse humaine

Un peuple amérindien découvre sur son territoire du pétrole. Rapidement, cette nouvelle richesse va attiser les jalousies, en particulier celles de Blancs prêts à tout pour récupérer ces terres…

Si Martin Scorsese est considéré par beaucoup comme l’un des plus grands cinéastes américains, le réalisateur n’avait pas foulé le tapis rouge cannois depuis 1986 pour "After Hours". Presque quatre décennies se sont écoulées, le metteur en scène étant devenu un nom indiscutable, un de ceux qu’on cite en soirée comme références lorsqu’on veut parler du 7ème Art, même si on ne fréquente pas beaucoup les salles obscures, un de ceux où chacune de ses prises de paroles est scrutée, en particulier lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avenir du grand écran et des blockbusters. Et alors qu’il en rêvait depuis longtemps, il réussit enfin à mettre en boîte un western, écho à la grande histoire américaine, dont la mise en scène crépusculaire nous rappelle les années glorieuses de Clint Eastwood.

L’intrigue se situe en 1920, dans l’Oklahoma. Au milieu de ces terres arides et poussiéreuses, vit une tribu d’autochtones. Le gouvernement américain leur a donné ces territoires parce qu’ils ne valaient rien. Mais ce que les élites de l’Oncle Sam ignoraient, c’est que les sols de ce désert étaient remplis de pétrole. Et lorsque le peuple Osage en fera l’agréable découverte, l’or noir fera d’eux de nouveaux millionnaires. Sans surprise, cette richesse va attiser de nombreuses jalousies, en particulier celles des Blancs, revanchards, ne supportant pas de devoir désormais ici jouer les domestiques pour des « Rouges ». Et dans ce microcosme à l’opposé de la ségrégation appliquée dans le reste du pays, des meurtres ne vont pas tarder à être commis.

Si le film repose sur la mécanique assez classique du « Rise and fall », d’ailleurs chère à Martin Scorsese (on pense notamment aux "Affranchis"), celui-ci avance dans un style bien plus posé et contemplatif qu’à l’accoutumée. Oubliez sa caméra nerveuse et sa mise en scène baroque, Marty nous offre une œuvre hantée par sa propre notion du temps, où la spirale mortelle dans laquelle les protagonistes se retrouvent embarqués n’est pas matérialisée par une violence visuelle, mais bien plus par les stigmates sur les visages et les modifications apportées à l’éclairage des décors. Doucement, mais sûrement, l’apocalypse s’abat sur cette ville du Midwest.

Fresque vertigineuse, le spectateur pénètre dans ce monde à travers le regard d’un pseudo héros de guerre, Ernest Burkhart, revenu blessé du front. Son oncle (Robert De Niro) est un homme exilé dans cette communauté indienne depuis des années, au point d’être estimé et considéré comme l’un des leurs. Mais celui qui demande à se faire surnommer modestement « King » ne semble pas avoir les meilleures intentions du monde, entraînant avec lui son neveu, naïf et facile à corrompre. "Killers of the Flower Moon" se transforme alors en film noir, en un portrait sombre de la cupidité et de l’avidité de pouvoir de l’être humain. Trop mécanique et redondante dans sa construction narrative, la chronique familiale de Martin Scorsese souffre surtout d’un mal que nous n’avions pas anticipé : le cabotinage d’un Leonardo DiCaprio, bien trop outrancier en benêt de service. Heureusement que face lui, émerge une révélation : Lily Gladstone, parfaite dans le rôle de l’épouse en danger, et évitant au film de sombrer dans une parodie malvenue.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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